ouveau coup de bambou pour les ventes de boissons alcoolisées en grande distribution ce premier semestre 2024 : avec 987,7 millions d’unités de consommation et 6,5 milliards d’euros, les ventes mesurées par Nielsen de janvier à mi-juin 2024 sont en chute de 2 % en volume et valeur par rapport au premier semestre 2023. Mais toutes les boissons ne sont pas égales prévient Yannis Chemlal, responsable du développement commercial de Nielsen. Si les bières résistent avec +0,4 % en volume et +1,3 % en valeur (471 millions UC pour 1,9 milliard €), les spiritueux décrochent de -3,8 et -2,9 % (à 158 millions UC pour 2,2 milliards €) et les vins tranquilles chutent de -5,3 et -2,9 % (à 279 millions UC pour 1,8 milliard €)…
Seuls les champagnes font moins bien : et pas à moitié : -15,3 et -9,1 % (9 millions UC pour 225 millions €). Il s’agit d’une véritable « sortie de rayon » poussée par « l’inflation » des prix et « la contrainte économique des foyers » faisant que « la bouteille de Champagne passe à la trappe » dessine Yannis Chemlal. L’analyse pointant que sur un marché des boissons alcoolisées en repli, les croissances de la bière constituent une « vraie surperformance liée à son attractivité. Quand on voit le vin à -5 %, il y a clairement une bascule de consommation. »
Rendement remis en cause
« Les Français veulent et demandent moins de vin, alors que les bières grapillent du volume » poursuit Yannis Chemlal. De quoi remettre en cause la profitabilité de chaque segment et rebattre les cartes des mètres linéaires. Dans le rayon des boissons alcoolisées, la bière pèse 48 % des volumes vendus pour 30 % du chiffre d’affaires et 157 mètres de rayon en hypermarché : +6,5 mètres en un an. À l’inverse, le vin tranquille représente 28 % des ventes en UC pour 34 % de la valeur avec 223 mètres de rayon : -3,4 mètres en un an. Une perte due aux vins rouges (désormais 108 mètres, -2,5 m) et rosés (58 m, -1,4), mais pas aux vins blancs (54 m, +0,6 m). Pointant que les Grandes et Moyennes Surface ont toujours besoin d’une grande offre de vins pour répondre aux besoins des acheteurs, « l’enjeu est de faire comprendre l’offre de vin en rayon aux acheteurs. Ils y passent beaucoup de temps pour ne rien acheter… Il faut de nouveaux leviers » avance Yannis Chemlal.
Paramètre mis à contribution : la diffusion des vins en rayon. Sur les 1 009 références que l’on compte en moyenne dans un hypermarché (-2 % en un an), les vins rouges restent majoritaires avec 510 références, mais en recul de 4 %, faisant de la place aux vins blancs (+1 %). « Ce qui marche est priorisé, ce qui décroit en vente diminue en offre » pointe Yannis Chemlal. Il faut dire que les vins blancs résistent encore le mieux en termes de commercialisation.
Dynamiques régionales
Alors que les chiffres d’affaires des vins rouges et rosés chutent de 7 et 6 % respectivement, celui des vins blancs résistent à -1 %. Une tendance qui se traduit dans les performances des vignobles, témoignant de leurs couleurs dominantes estime Yannis Chemlal : « très présente en blanc, la Bourgogne se maintient à +2 % de valeur avec des vins très valorisés » (le Beaujolais chute de 3 %). Spécialisée dans les rosés, la Provence voit ses ventes diminuer de 4 % en valeur. Pour les vignobles de rouges, le Rhône se replie de 3 %, Bordeaux et le Languedoc-Roussillon de 4 %. A contre-courant de cette analyse, les vignobles blancs d’Alsace et de Savoie sont aussi en recul (-4 et -3 %), tandis que l’offre diversifiée du val de Loire diminue également (-2 %). Sachant que « les gros faiseurs de volumes en registrent les plus grosses pertes » pointe Yannis Chemlal (soit Languedoc-Roussillon, vallée du Rhône et Bordeaux).