erra-t-on dans les années à venir la naissance d’un Bourgueil blanc, dans une appellation ouverte aux trois couleurs comme ses voisines, Chinon, Saumur et Anjou ? Depuis plus de 10 ans, des vignerons bourgueillois font des chenins en IGP ou VSIG. « Nous faisons de bons produits, bien valorisés en vente à la propriété, en CHR et cavistes. Nous avons de beaux terroirs pour le chenin. Ce cépage était déjà présent dans le Bourgueillois en 1808, explique Philippe Boucard, ancien président de l’ODG Bourgueil, où il est désormais chargé du dossier chenin. Nous ne comprenons pas pourquoi le chenin a été oublié dans le décret qui a donné naissance à notre AOC en 1937. A l’heure où l’avenir du rouge est compromis, pourquoi nous cloisonner et nous interdire de faire du blanc ? »
Réunis mi-juillet, les vignerons et vigneronnes de Bourgueil voté les contours du vin blanc qu’ils espèrent produire sous leur appellation : un chenin sec à 6 g/l maximum de sucres résiduels, avec interdiction de chaptalisation et de pompe pour pressoir, au rendement de 55 hl/ha (comme les rouges et rosés), conditionné après le 15 mars, et récolté en vendanges manuelles. Un critère qui a fait l’objet de longs débats. La récolte à la main l’a emporté de peu à l’issue d’un vote à bulletin secret.


« Le but est de produire un vin qualitatif haut de gamme », indique Jean-Luc Duveau, président de l’ODG. « Il faut placer haut la barre. La vendange manuelle permet de trier les raisins et constitue aussi un argument de communication », ajoute Philippe Boucard. « Je crains que l’on perde le consommateur en ayant d’un côté un Bourgueil blanc avec contraintes, et un blanc local en IGP ou VSIG », objecte Vincent Delanoue, vice-président de l’ODG.
« Un chenin IGP Val de Loire ou VSIG produit en Bourgueillois et un Bourgueil blanc peuvent co-exister commercialement, estime Philippe Boucard. Si des vignerons ne veulent pas de vendange manuelle, ils continueront à faire de l’IGP ou du VSIG. Mais j’ai bon espoir que le Bourgueil blanc se vende bien et avec une bonne valorisation. Certains changeront alors d’avis et trouveront des vendangeurs… ».
L’ODG de Bourgueil évalue à une vingtaine d’ha la surface actuelle en chenin sur le territoire de l’AOC, soit près de 2 % du vignoble.