our paraphraser Winston Churchill sur la Russie, les vins de France pourraient dire que la Chine est un casse-tête enveloppé d’incertitude au cœur d'une point d’interrogation. « La Chine peut changer très rapidement dans sa structure économique, pour des raisons politiques ou technologiques. Il faut de la réactivité, de la souplesse et de la compréhension… » analyse Thierry Desseauve, le directeur de Bettane + Desseauve, qui organisait ce 27 mai son évènement de dégustation Grand Tasting de retour au Convention Center de Hong Kong (avec 60 exposants pour un millier de visiteurs) la veille du salon Vinexpo Asia (selon le partenariat signé l’an passé et uniquement concrétisé à Singapour et Hong Kong à date). Doté d’une quinzaine d’années d’expériences en Chine, comme média et organisateur d’évènements, notamment à Shanghai, Thierry Desseauve précise qu’il ne faut se contenter de généralités sur « un pays-monde ».
Le journaliste scinde ainsi l’évolution récente du marché chinois en plusieurs phases : « la folie des Bordeaux en primeur 2009 et 2010 pour les cadeaux, pour le paraître… Mais pas pour la consommation. La politique anticorruption lancée par Xi Jinping en 2012 a fait s’effondrer brutalement ce marché. Il y a eu une faiblesse à s’engager dans ce nouveau marché sans réfléchir à sa construction. Alors qu’il suffisait de venir sur place pour voir qu’il n’y avait pas de cavistes… Il y a ensuite eu la période du tout numérique avec Alibaba et TMall demandant de gros investissements pour distribuer le vin. Jusqu’à ce que la roue tourne pour ces grandes boîtes. La culture du vin a continué de se développer et les consommateurs se sont intéressés aux vins de Chine qui ont beaucoup progressé. Beaucoup sont produits dans un style correct et à un prix accessible. Le marché du vin chinois s’est structuré. Puis il y a eu les quatre années de covid… Avec de grands groupes comme ASC Fine Wines ou Summergate qui ont été mis en difficulté et ont fait souffrir les marques qu’elles distribuent. »


Au final, « c’est un vrai marché [pour le vin], mais qui n’est pas fiable, qui est casse-gueule, qui est en constante évolution. » En témoigne la menace actuelle de surtaxes pesant sur les cognacs en particulier et les vins européens en général dans les conflits commerciaux en cours. Ces menaces, difficultés et revirement ne doivent pas décourager la filière vin de s’attaquer au marché chinois pour Thierry Desseauve : « les grands changements des 10 à 15 dernières années vont vers une structuration dans la direction de la consommation. » Une consommation qui restera limitée, toute la population chinoise n’étant pas appelée à devenir consommatrice de vin pour le journaliste, qui note qu’il y a déjà de quoi faire. Du moins « en acceptant que la production chinoise se développe et que les vins importés vont avoir un statut différent ». Sachant que les vins français ont pour lui leur carte à jouer, leur profil de fraîcheur, de fluidité, de finesse et d’équilibre correspondant à une esthétique chinoise que l’on retrouve dans les thés.