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Vin nature, combien de fractures sur les sulfites ?
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Débat sans fin
Vin nature, combien de fractures sur les sulfites ?

Vin nature, mais pas totalement mature pour débattre sereinement de la nécessité d’intrants œnologiques réduisant les risques de déviations organoleptiques ? Il semblerait que ce soit l’enseignement de l’émotion générée par les propos de Sylvie Augereau préférant "des intrants" aux "intrus".
Par Alexandre Abellan Le 18 février 2024
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Vin nature, combien de fractures sur les sulfites ?
Positions nuancées au salon Vignerons de Nature sur la question récurrente de la définition du vin nature, avec une émancipation croissante de ce terme fourre-tout pour prôner la transparence des pratiques face aux beaux discours. - crédit photo : Adobe Stock (slowmotiongli)
C

’est une polémique dont les vins nature ont le secret. Dans un message envoyé aux participants de la vingt-quatrième édition du salon de la Dive Bouteille (4 et 5 février derniers à Saumur), son organisatrice, la vigneronne Sylvie Augereau a mis le feu aux foudres : « merci encore de garder vos cuvées un peu trop barrées à la maison, pour ceux qui croient que les vins vivants c’est forcément déviant… On n’est vraiment pas là pour alimenter ce discours dangereux. Il y a des intrants qu’on préfère à certains intrus ! » De quoi alimenter des débats sans fin entre tenants du radical zéro intrant et ceux ouverts à un usage réduit de sulfites. Visible sur les réseaux sociaux, comme ici avec le vigneron Lilian Bauchet (Beaujolais), la polémique est à relativiser dans son ampleur pour Sylvie Augereau. La vigneronne angevine explique à Vitisphere avoir reçu de nombreux messages de soutien et très peu d’attaques en regard.

« Quasiment aucun vigneron n’est intervenu dans le débat, juste des consommateurs qui n’ont aucune idée de notre métier et des conditions climatiques qui nous compliquent sérieusement les vinifications depuis quelques années » indique-t-elle, faisant référence à l’augmentation des concentrations en sucre et diminution des acidités qui compliquent la conservation des vins sans déviations microbiennes. En matière de SO2, « quelques grammes n’ont jamais tué les amateurs de vin et les jeunes installés devrait se méfier des discours zéro, il faut vivre de son métier et être bu » poursuit Sylvie Augereau, ajoutant : « j’ai jeté des vins à la pelouse. C’est déchirant après un travail d acharné sur une année. »

On met de tout dedans, le bon et le pas bon

À l’occasion des salons offs de Wine Paris & Vinexpo Paris, petit tour au salon Vignerons de Nature ce dimanche 11 février pour illustrer la diversité des pratiques et approches s’abritant, faute de reconnaissance légale, sous le mot valise de "vin nature". Une expression que n’apprécie pas particulièrement le vigneron Didier Defaix, du domaine Bernard Defaix (27 hectares à Chablis) : « on met de tout dedans, le bon et le pas bon. Et même du non bio. Le terme vin nature peut être mal interprété par certains clients » craignant des déviations. Revendiquant la production de vin sans soufre ajouté selon les caractéristiques des millésimes, Didier Defaix ne veut pas participer à des guerres entre chapelles avec ses échanges d’anathèmes. Pour lui, « il y a de la place pour tout le monde. Il faut plus convaincre ceux qui ne sont pas dans cette dynamique de faire plus d’efforts sur la réduction d’intrants. » Et de définir le vin nature comme « un vin sans intrant. Et quand on en met, il faut le marquer. »

Cette notion de transparence‍ est chère à Julie Romanetti, du domaine corse Nicolas Mariotti Bindi (Patrimonio). Avec des bouteilles affichant par exemple sur leur contre-étiquette "moins 40 mg/l de SO2", l’objectif est d’informer les consommateurs éclairés sur les pratiques au chai : « nous avons un souci de clarté que l’on aimerait retrouver ailleurs » indique Julie Romanetti. Interrogée sur sa définition du vin nature, la vigneronne répond que tout dépend de « la philosophie de chaque vigneron. Notre philosophie est d’être le moins interventionniste à la vigne et à la cave. » Tout en se donnant la possibilité de sulfiter lors des vinifications selon les besoins, avec un travail méticuleux sur l’hygiène en cave, le contrôle des températures, la mise en bouteille au gaz inerte…

On préfère un vin nature un peu à défaut qu’un vin conventionnel très net et un peu mort

« Dans notre vision, c’est une forme de rigueur et de lâcher-prise. Nous avons toutes les conditions pour avoir un vin typé et il y a une bonne part de lâcher prise comme le vin se fait finalement tout seul » rapporte Julie Romanetti, qui reste dans le contrôle après avoir essayé de vinifier en rouge sans sulfite : « on en est revenus, après quelques déviations et soucis, pas forcément lors des vinifications. Il y a une forme d’instabilité. Dans notre vision, on essaie d’avoir du goût et du plaisir dans nos bouteilles. Parfois on est plus souple sur les défauts de vins produits par d’autres, comme l’acidité volatile. On préfère un vin nature un peu à défaut qu’un vin conventionnel très net et un peu mort. »

Très philosophique et personnelle, l’approche transparente du vin nature revient souvent parmi les producteurs rencontrés. « Nous on dit ce que l’on fait, et l’on fait ce que l’on dit » pose Ludivine Cadé, domaine Dirler-Cadé (18 ha en biodynamie, Alsace). « Pour nous le vin nature est un vin sans sulfite. On ne l’exprime pas dans toute notre gamme, mais sur un vin de macération (ressemblant à un vin orange). On fait le vin nature comme on l’aime et pas pour surfer sur une vague » explique la vigneronne, pour qui les sulfites utilisés dans le reste dans la gamme « permettent d’avoir de la précision dans l’expression. Sinon cela devient moins subtil et gomme l’effet terroir. »

Canaliser un élan de liberté

Réunis derrière l’idée de respect de la vigne et du travail du vigneron avec la réduction des intrants, les vins nature n’ont pas encore abouti à une définition consensuelle partagée par tous. La dernière tentative étant celle du label "vin méthode nature". Mais à chaque tentative d’encadrement de pratiques libres répondent de nouvelles approches indépendantes. Au terme flou de vin nature, des vignerons préfèrent parler de vin vivant, de vin sauvage… De quoi animer de nouveaux débats sémantiques.

 

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Tous les commentaires (15)
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Françoise Le 12 mars 2024 à 06:43:45
Derrière la problématique des vins sans intrants se cachent, au delà des dérives organoleptiques, des vins commercialisés qui ne répondent tout simplement pas à la règlementation européenne en vigueur. Je pense plus particulièrement aux teneurs en acidité volatile supérieure à la limite règlementaire. D'ailleurs lorsque j'ai vu sortir la charte "vin méthode nature" j'ai trouvé très curieux que dans les critères analytiques obligatoires pour prétendre au label il n'y ai pas l'acidité volatile : Les 6 critères étant : ? Titre alcoométrie volumique total acquis ? Acidité totale (gH2SO4/l) ? pH ? Sucres fermentescibles résiduels (glucose et fructose) (g/l) ? Turbidité ntu (néphelometric turbidity unit) ? Taux de SO2 total (mg/l) (méthodologie Frantz Paul ou entrainement à chaud et oxydation titrimetrie).
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Pedro Le 28 février 2024 à 19:29:04
Que de bouteilles bio , sans intrants ,sans sulfites,vidées dans le lavabo, imbuvables . Avec le bio , le naturel , etc...On revient un siècle en arrière, où l'on ne produisait que de la piquette imbuvable et inconservable...Nos ancêtres ne mangeaient, ne buvaient, ne se soignaient que Bio , naturel et mourraient de parasites et de maladies avant 40 ans ! La science et la chimie sanitaire ont sauvé tous nos produits alimentaires , préservé la santé des hommes et augmenté l'espérance de vie de 40 ans . Non les cancers ne sont pas dû à la chimie sanitaire, mais à une nature dont on n'a pas pris soin où très mal . P
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julian louis Le 20 février 2024 à 13:44:24
Michel Flanzy , inventeur de la macération carbonique et co- auteur du verre INAO avec jules Chauvet "pape des vins natures" a donné une conférence en 1968 au congrès des CETA à Versailles ,au cours de la quelle il a donné une définition de la qualité du vin : lisez la et vous comprendrez pourquoi il y a beaucoup de fausses routes dans le monde du vin . Cherchez : " la qualité des vins et son appréciation par Michel Flanzy"
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piquette Le 19 février 2024 à 09:14:18
un bon petit nez éthanal doublé d'une oxydation maitrisé, y a rein de mieux, on se régale.....!!! c'est quoi cette mode de cette bande de hippi soit disant vinificateurs qui demande un peu de tolérance sur la qualité de leurs produits mal faits ! mais le client BOBO est roi....
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DARIUS Le 18 février 2024 à 19:08:14
Merci Augustin de cette anecdote très intéressante sur les caves Augé. Le propre de l'homme c'est d'oublier disait John Boorman. Je me permets de rappeler que jusqu'à la découverte de la mèche de souffre à la fin du XVII° siècle tous les vins étaient des vins nature. Simplement c'étaient des sortes de Beaujolais nouveau à consommer avant le retour des chaleurs car alors ils piquaient. La mèche de souffre a permis à la fin du XVII° siècle l'éclosion des grands Bordeaux et Bourgogne et des grands champagnes. Si l'on veut faire un vins nature qui se conserve, il faut une technicité qu'aucun vigneron avant le XVII° siècle ne possédait, une technicité bien plus importante que pour un vin avec souffre. Un tel vin "ne se fait pas tout seul" bien au contraire et le résultat est souvent aléatoire comme nous le précise Sylvie Augereau.
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Fernando Paiva Le 18 février 2024 à 17:49:32
Chez-nous (Quinta da Palmirinha -Portugal), nous protegeons nos vins avec la Fleur de Chataignier. Absolument éficace
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Alsace Le 18 février 2024 à 12:19:23
Si la DGCCRF faisait son travail? ça réduirait sacrément l'offre de vin nature tant certain atteigne des volatiles plus proche du vinaigre que du vin?
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Renaud Le 18 février 2024 à 11:56:26
Félicitations Mme Augereau. Vigneron moi même pas en vin nature, votre discours vrai et pragmatique me redonne le sourire. En effet trop de libertarien dans ce nouvel espace où la déviance est élevée en typicité. Alors qu'ils devraient être libertaires, donc avec un grand sens de leur responsabilité dans ce nouvel espace.
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S Boutiton Le 18 février 2024 à 09:55:17
Bravo Mme Augereau enfin un discourt clair et sans équivoques. En revanche quand je lis encore que le vin se fait tout seul cela me laisse dubitatif... Par ailleur que dire de la phrase 'Pour nous le vin nature est un vin sans sulfite' toute l'ambiguïté de ce mouvement est dans cette phrase...un moyen d'attirer un consommateur neophyte,a qui l'on va expliquer que le vin est vivant , donc sujet a défauts organoleptiques, dont le phénol et l'oxydation seraient la norme.
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DARIUS Le 18 février 2024 à 09:50:49
Lorsque j'étais étudiant à la faculté d'oenologie de Bordeaux, à une époque où le vin nature n'existait pas, le professeur Ribereau Gayon nous enseignait le rôle positif du souffre sur les arômes du vin et leur précision. Aujourd'hui je lis "on préfère un vin nature un peu à défaut qu'un vin conventionnel très net et un peu mort". J'aimerais bien qu'on me définisse gustativement un vin "mort". En réalité ce terme, ne correspond à rien dans le vocabulaire gustatif mais est utilisé dans dans cette déclaration dans le seul but de rendre acceptables des vins nature à défaut. Aristote disait le juste milieu n'est pas une moyenne mais un sommet qu'il faut atteindre. Ainsi en est il de la présence des sulfites dans le vin.
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raiam84 Le 18 février 2024 à 09:26:32
Bonjour je lis avec beaucoup de respect tout ces débats,une petite question faut il expliquer aussi ce que représente 40mlg de SO2 aux clients? Libre Total Actif???? N avaient vous pas peur de perdre la clientèle ??? Ou faut il faire un cours d oenoligie à chaque vente?On risque plus de se tirer une balle dans le pied vous trouvez pas?Et vu la conjoncture actuelle ....je ne vous en dis pas plus à chacun sa façon de travailler, il ne faut pas s imposer plus que ce que l on nous en demande et comme tout les professionnels que nous sommes nous s avons pertinemment que le conventionnel Français est plus bio que tout les vins qui arrivent de l import ,à méditer.
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Claude Reynaud Le 18 février 2024 à 09:03:34
Pour information, à tous ceux qui s'intéressent au sujet, j'ai sorti en janvier un livre : "Le Vin Nature existe-t-il ? Bon plan ou arnaque" . Éditions : Libre et Solidaire, en vente partout. Ce livre apporte beaucoup de réponses aux questions évoquées ci-dessus.
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Sylvos Le 18 février 2024 à 08:34:12
Le client lambda s'est focalisé sur le sulfite oubliant que la fermentation produit des sulfites naturels. Ignorant ce détail, il en oublie tous les autres intrants qu'il est possible d'ajouter, à la vigne comme à la cave, ce sont certainement les pires pour sa santé ainsi que celle du vigneron..
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Donderain pinot Le 18 février 2024 à 08:03:46
Toutes c'est polémique font cesser, avec le nouvel étiquetage qui devrait donner tous les intrus dans la bouteille, pourvu qu'il reste du raisin?
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augustin Le 18 février 2024 à 07:52:39
Les caves Auge bd haussman et leur gérant de l époque Marc Sibard ont été les chantres de ce type de vin nature pendant près de 30 ans à partir du milieu des années 80 Une visite reguliere en tant que client mystère permettait de se familiariser avec le discours (qui était très sectaire) et surtout l offre vins (dont certaines bouteilles achetess puis goutees ) étaient très chères et avec une degustation requérant beaucoup beaucoup de tolérance de la part de professionnels par rapport à des défauts manifestes ... et à dire vrai quelquefois une absence de plaisir vrai , au delà d une satisfaction à priori intellectuelle . Sept ans plus tard l ayatollah n est plus aux commandes et les vignerons en amont ont gagné en sagesse et surtout en nuances sur l usage du so2 et c est tant mieux pour le consommateur ! Le marché actuel du vin en France est suffisamment compliqué pour refuser une niche comme celle ci . Même si le plaisir gustatif pour certains peut être mélange avec la satisfaction intellectuelle de boire un vin 100 % nature, restons surtout tolérants entre viticulteurs pour peu que la démarche soit éthique. Les vrais méchants de la profession sont très probablement ailleurs , donc il est important de ne pas se tromper de cible et certains syndicats agricoles ou encore le collectif viti 33 l ont compris dans la lutte actuelle Visant donc plutôt à questionner l ordre établi à la fois vis à vis d une administration tatillonne et d élus actuels depasses . Restons unis en tant que viticulteurs notamment entre nous , Torquemada ou Savonarole sont des figures du passé qui ont fini dans les poubelles de l ' histoire. Les vins naturels à l évidence méritent mieux que cela !
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