roit dans leurs bottes. « Nous persistons et signons » clame David Chatillon, coprésident du Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne (CIVC), lors d’une conférence de presse présentant « 5 raisons d’avoir confiance en 2024 »* ce 13 février sur le salon Wine Paris & Vinexpo Paris. « Il y a un an, nous vous annoncions un plan ambitieux alors que nos expéditions étaient à un niveau record. Le contexte s’est durci (inflation et conflits affectant le moral) [mais] le cap est maintenu » annonce le président de l’Union des Maisons de Champagne. Alors que la consommation de champagnes est liée au moral mondial (contextes économiques, géopolitiques…), ce « retour des expéditions à 300 millions cols [représente un retour à la normale] un niveau plus durable pour la Champagne » indique Maxime Toubart, coprésident du CIVC.
Au final, « tout ne va pas si mal » précise Maxime Toubart à Vitisphere, pointant que « nous avons des bases solides grâce à des organisations résilientes. Une des raisons pour être confiant, c’est l’intérêt à ce que le collectif passe devant l’individuel. Être fort tout seul n’a pas de sens. » Concernant le futur rendement en raisin du millésime 2024, le président du Syndicat Général des Vignerons de Champagne (SGV) déclare que « comme chaque année, nous adopterons la voilure. S’il faut réduire le rendement, nous le réduirons. S’il faut l’augmenter, nous l’augmenterons. Ce qui fait le rendement, c’est uniquement le volume demandé par les marchés ».
Entre fixation du rendement sur le millésime, réserve climatique pour lisser les à-coups climatiques et contractualisation interprofessionnelle, la recette champenoise semble bien huilée. « Beaucoup de région viennent nous voir pour s’inspirer de notre modèle, qui n’est pas forcément duplicable » indique Maxime Toubart, qui souligne que cela fonctionne pour la filière champenoise : « nous faisons tout pour le faire durer. Il fait vivre 20 000 vignerons et 80 négociants sur un petit territoire de 35 000 hectares de vignes. »
Alors que la colère des récentes manifestations agricoles s’est concentrée sur « la stabilité des marchés et le partage de la valeur », David Chatillon note que « nos prédécesseurs ont imaginé un outil de stabilisation des marchés. Grâce à la réserve climatique et à la contractualisation, nous pouvons équilibrer le partage de la valeur entre metteurs en marché et producteurs de matières premières. » De quoi se projeter plus sereinement. « Ne rêvons pas d’un monde où la Champagne est leader, travaillons-y » martèle Maxime Toubart, citant Louis Pasteur : « la chance ne sourit qu’aux esprits bien préparés ».
* : Ces cinq raisons sont les engagements de la filière pour son environnement (y compris social avec l’engagement pour mettre fin aux comportements déviants sur la main d’œuvre saisonnière après des vendanges 2023 marquées par des morts et des conditions d’hébergement scandaleux) et pour son économie (avec le renouvellement des contractualisations interprofessionnelles), les investissements dans l’innovation (serre de prémultiplication inaugurée cet été, nouveau centre de recherche fin 2028…), le renforcement de l’appellation sur les marchés (avec le lancement d’une formation "Champagne education", un treizième bureau à l’étranger s’installant à Stockholm en avril, une protection plus solide en Chine…), le positionnement des champagnes comme référence festive pour les consommateurs (étant un clair signe d’attention pour des invités) et le renouvellement des marchés (avec des croissances conséquentes au Canada, en Afrique du Sud et en Corée du Sud) avec la diversification des produits (en 20 ans les champagnes rosés ont multiplié par 5 leurs volumes, passant de 4 à 10 % de la production champenoise pour 20 millions de cols, les champagnes peu dosés ont été multipliés par 70, pour arriver à 400 000 cols).