ne nouvelle assemblée générale du Conseil Interprofessionnel du Vin du Roussillon (CIVR) se tenait ce mercredi 9 janvier, la dernière de Stéphane Zanella à la présidence, avant l’élection d’un nouveau président, issu du collège production, au mois de juin prochain. Cependant, dès le lendemain, les rumeurs n’ont pas tardé à fuser dans la plaine roussillonnaise autour du départ prochain de Stéphane Zanella de la direction de VICA (ex-Vignerons Catalans), provoquant les questionnements d’une bonne partie du comité directeur de l’interprofession.
Stéphane Zanella confirme à Vitisphere les discussions engagées avec sa présidence pour son départ, à son initiative, sous forme de rupture conventionnelle dont les modalités restent à finaliser. « Stéphane Zanella va quitter ses fonctions mi-février », confirme de son côté la présidente de VICA, Fabienne Bonet. « Ce départ se fait en bonne entente, c’est la vie des entreprises », dédramatise celle qui est également présidente de la Chambre d’Agriculture départementale, « je suis PDG, donc je vais assurer la fonction de direction de l’entreprise, en collaboration avec les représentants au conseil d’administration de nos six caves coopératives adhérentes, et nous verrons plus tard s’il y a lieu de procéder à un nouveau recrutement », poursuit Fabienne Bonet.


Le consultant Pascal Provencel va continuer d'orienter la stratégie de marques et d’entreprise de VICA. En poste chez ce qui s’appelait encore Vignerons Catalans depuis août 2016, Stéphane Zanella, va voler vers d’autres cieux et veut faire en sorte que « ce départ se passe bien », mais n’abandonne pas pour autant la présidence du CIVR. « C’est une élection nominative, mon intention est de rester à la présidence jusqu’à la prochaine élection de juin, d’autant qu’il n’y a aucun intérêt pour personne à ce que je parte d’ici-là », explique Stéphane Zanella. Il souhaite maintenir son implication dans l’interprofession jusqu’au bout de son mandat, ne voyant pas de levier statutaire pouvant conduire à son éviction prématurée. « Ceux qui voudraient essayer s’y casseraient les dents, et se mettraient à dos le collège du négoce», prévient-il.
La rotation entre collèges, prévue par les statuts de l’interprofession, conduira en juin prochain à l’élection d’un membre de la production, le nom du trésorier actuel Jean-Christophe Bourquin (président de Château de Pèna, la cave coopérative de Cases-de-Pène) semblant pour l’heure faire consensus. Hasard des calendriers, ce nouveau cycle présidentiel va se calquer avec le renouvellement, le 1er janvier 2025, des accords triennaux d’engagement des Organisation de Défense et de Gestion (ODG) adhérentes à l’interprofession. Alors que le Cru Collioure-Banyuls a déjà acté sa sortie du CIVR pour cette date, les ODG des IGP Côtes catalanes et des AOP Côtes du Roussillon et Côtes du Roussillon Villages avaient annoncé il y a plusieurs mois leur réflexion à ce sujet. Un préavis d’au moins 6 mois étant nécessaire à ces ODG pour acter leur sortie, celles-ci devront faire parvenir leur courrier d’officialisation au plus tard le 30 juin 2024.


Ayant déjà abordé la question en conseil d’administration, l’ODG de l’IGP Côtes catalanes fera figurer ce point dans les questions diverses de l’assemblée générale du 16 janvier, même si la tendance semble plutôt au maintien. « Une partie du questionnement était lié à un problème d’hommes, et le départ de Stéphane Zanella change fortement la donne à ce niveau », résume le président de l’IGP Laurent Girbeau. De son côté, le syndicat ODG des AOP Côtes du Roussillon et Villages n’abordera cette question que lors de son assemblée générale au printemps. « Nous travaillons sur les alternatives possibles avant de poser la question à nos adhérents, il ne s’agit pas de sortir pour sortir, mais d'avoir un vrai plan », explique le président de l’ODG Jean-Philippe Mari. Celui-ci répétant qu’avoir à la tête de l’interprofession « le représentant du seul négoce du Roussillon (VICA, ndlr), qui a opté pour une stratégie de vins sans IG (la marque Les Vignes du Vent, ndlr), et ayant confié sa stratégie à un communicant (Pascal Provencel) qui répète que nos signes de qualité et AOC n’ont pas de valeur) ».
Si le président des Vignerons indépendants du Roussillon Guy Jaubert insiste sur la nécessité « de partager un projet commun entre production et négoce pour la prochaine mandature, pour avancer ensemble et éviter de se battre à nouveau pendant trois ans ». Stéphane Zanella rappelle ce qu’il a encore souligné lors de l’assemblée générale du 9 janvier : « l’enjeu de ce changement de gouvernance est majeur et ne devra pas se faire au détriment du négoce, car celui-ci a été marqué par l’épisode de l’AG de juillet dernier ». Il rappelle que le syndicat du négoce du Roussillon a le monopole statutaire de la désignation des délégués du collège négoce, et que la question du retrait est sur la table. « Sans le syndicat du négoce, l’interprofession n’existe plus, c’est statutaire. Le comportement d’une partie de la production en juillet dernier a ulcéré les rangs du négoce, et la réflexion est ouverte avant de prendre une décision d’ici le 30 juin », enchaîne-t-il. Miroir de ce vignoble du Roussillon qui attend impatiemment l’eau depuis de longs mois, une politique de la terre brûlée sans conciliation pourrait n’apporter que des perdants.
S’il confirme une « réflexion » du négoce sur son avenir au sein du CIVR, le président du syndicat du négoce du Roussillon (syndicat du commerce de gros des vins et spiritueux des Pyrénées-Orientales) Fabrice Rieu précise immédiatement que celle-ci est la conséquence « du fait que des représentants d’ODG brandissent eux-mêmes une possibilité de sortie, nous attendons donc des clarifications sur ces positions ». Fabrice Rieu rappelle donc que la volonté première du syndicat reste de se maintenir dans l’interprofession, « mais nous ne voulons pas être attentistes, et si certains s’en vont, la question de notre maintien se posera nécessairement ». Le négoce entend donc nourrir une réflexion apporteuse de solutions et d’idées pour le vignoble roussillonnais « car nous devons travailler tous ensemble dans cette période difficile ».