i comparaison n’est pas raison, la communication par comparaison reste un outil de choix chez les bouchonniers, qui en raffolent pour comparer leurs bilans carbones respectifs, mais aussi pour mesurer leurs performances qualitatives. Exemple ce lundi 11 décembre au château Olivier (cru classé de Graves), où le groupe portugais Amorim organisait pour la première fois en France une dégustation comparative entre des vins obturés par ses bouchages et par ceux de la concurrence. De quoi illustrer par l’analyse et la dégustation un discours commercial sur ses nouveaux bouchons microagglomérés traités au CO2 supercritique, soit XPÜR et QORK, lancés il y a deux ans et qui étaient à l’honneur de cet évènement bordelais.
Promettant une « préservation du fruit et de la fraîcheur aromatique » ainsi que de « l’équilibre organoleptique au cours des années », Paolo Lopes le directeur R&D du groupe Amorim Cork présentaient en appui trois vins embouteillés au même moment (un muscat d’Alsace, un chardonnay de Bourgogne et assemblage de vins rouges du Portugal), mais avec deux bouchons différents à chaque fois, l’un venant d’Amorim et l’autre de fournisseurs concurrents (mais de gammes similaires précise le bouchonnier). Conservées 12 à 48 mois sur 5 à 12 bouteilles par essai, ces bouteilles présentent des concentrations différentes de certains composés aromatiques, pour une intensité globale plus nette pour les bouchons agglomérés Amorim (XPÜR et QORK) résume Paolo Lopes.


Le chercheur note que si tous les bouchons techniques diffusent globalement les mêmes quantités d’oxygène dans la bouteille, certains bouchons comparés à ceux d’Amorim peuvent dégager des composés aromatiques négatifs (d’aldéhydes dans un échantillon, avec du propanal notamment). Un problème inconnu pour les gammes Amorim, Paulo Lopes vantant une « neutralité sensorielle augmentée » avec « l’élimination totale des TCA (concentration inférieure à la limite du seuil de détection) et la suppression de molécules volatiles, semi-volatiles et quelques molécules phénoliques ». Sans oublier la matière première de ces bouchons microagglomérés martèle le producteur portugais.
« Amorim ne fait que du bouchon liège. Nous sommes le leader des bouchons en liège naturel et des bouchons techniques » rappelle Franck Autard, le directeur général d’Amorim France, qui assure sur les microagglomérés un minimum de 82 % du volume en liège, pour le reste composé de seul liant (polyuréthane), « Nos concurrents ont en moyenne 60 % de liège et 40 % d’autres choses, dont des microsphères » rapporte Franck Autard. « Moins il y a de liège, plus la densité est forte pour les microagglomérés. Comme le liège a un plus grand retour élastique [avec] des forces de compression et d’extraction plus faibles, il y a moins d’usure des machines pour les producteurs et une extraction plus facile pour les consommateurs » argumente Paulo Lopes. Cherchant à rattraper son retard sur les bouchons traités au CO2 supercritique, Amorim ne manque pas d’ambition, se dotant d’une capacité de production annuelle d’un milliard de XPÜR. Présenté comme bouchon technique « le plus naturel du marché » avec « plus de 80 % liège en masse ou 98 % en volume » et une « quantité minimale de liant » liste Paulo Lopes, pour qui « le bouchon c’est au final un outil de vinification ». Un jugement qui sera, pour le coup, partagé par ses confrères bouchonniers.