lu en juillet 2021, le président du Conseil Interprofessionnel des Vins du Languedoc (CIVL), Christophe Bousquet arrive dans la dernière ligne droite d’un mandat s’achevant à l’été 2024. La règle de l’alternance étant de mise, ce sera au tour d’un candidat issu du collège négoce d’être élu à la tête de l’interprofession languedocienne. Sauf que, jurisprudence Pellaton oblige, la question d’une éventuelle prolongation de mandat du vigneron du château Pech Redon se devait d’être abordée. « Je ne sais pas », répond sobrement un Christophe Bousquet… qui indique néanmoins qu’il sera temps d’y réfléchir si la situation le demande. Pour l’instant, il souligne son soutien total aux demandes faites par la filière face à la crise.
Le vigneron du château Pech Redon arrive donc à l’heure du bilan d’un mandat qu’il reconnaît volontiers « agité », marqué par les remous de la représentativité des metteurs en marché direct ou la sortie de l’interprofession des appellations Corbières et Fitou. Satisfait d’avoir tout de même vu Faugères opter pour le maintien dans le giron du CIVL, Christophe Bousquet préfère défendre les grandes lignes de son action, au premier rang desquelles le renforcement du poids des sections interprofessionnelles (S.I) propres à chaque Organisme de Défense et de Gestion (ODG). Celles-ci peuvent désormais choisir d’augmenter leur Cotisation Volontaire Obligatoire (CVO), pour abonder plus fortement à la promotion de leur appellation. « Alors que 80 % des 3 €/hl de la cotisation de base sont affectés au budget général du CIVL, 70 % du supplément de cette CVO va directement au budget de la section interprofessionnelle », souligne le président du CIVL.
Sept de ces appellations ont fait le choix d’abonder un supplément de 1 à 3 €/hl sur leurs CVO, pour soutenir leurs démarches de communication. « Beaucoup de vignerons se demandaient à quoi servaient leurs cotisations interprofessionnelles, il me tenait à cœur de désacraliser l’interprofession et montrer à quoi est utilisé cet argent. Ainsi, avec l’augmentation de cotisations et des subventions obtenues par le CIVL, l’AOP Languedoc est passée de de 250 000 à 1 million € (M€) pour sa promotion », déroule Christophe Bousquet. Les actions de promotion décidées par ces S.I resteront accompagnées par le CIVL. « Pour la première fois, le budget total de communication des S.I va dépasser le budget général de communication pour la bannière des AOP du Languedoc », souligne Olivier Legrand, « permettant d’accentuer les stratégies individualisées sur-mesure ».
Le 1er janvier 2024, les AOC Corbières et Fitou seront officiellement détachées de l’interprofession languedocienne, représentant 200 à 250 000 hl de production, et donc de cotisations, en moins. « Le CIVL sera alors en charge de l’équivalent d’un million hl (Mhl). Entre les augmentations de CVO et l’obtention de plus de subventions que prévu, le budget 2024 va rester équivalent à celui de cette année, environ 5,6 M€ », apprécie Christophe Bousquet. Avec plus de moyens pour les SI, la ventilation du budget général du CIVL sera modifiée, « la part de promotion-communication du budget général va diminuer », confirme le directeur général du CIVL Olivier Legrand. La part dédiée à l’intelligence économique et la recherche-développement va en revanche s’accentuer, avec de probables recrutements en conséquence.
Le président du CIVL est en effet décidé à conclure ce mandat par une nouvelle amélioration de l’information économique apportée aux entreprises adhérentes. « Nous disposons d’une importante quantité de données des marchés, mais nous devons aller au-delà de leur simple mise à disposition en apportant à nos adhérents plus d’éléments d’analyse et de pilotage vis-à-vis des marchés », appuie Christophe Bousquet. Ce dernier poursuit la même orientation sur les aspects techniques de production. « Positionner le CIVL comme une institution sérieuse sur les sujets techniques viticoles était un axe majeur sur lequel je m’étais engagé. Nous sommes maintenant présents dans toutes les réunions des organismes de recherche, pour pouvoir renvoyer toute cette information technique à nos adhérents », enchaîne Christophe Bousquet, qui vante également la richesse, pour ces organismes de recherche, de pouvoir envisager de travailler sur les données techniques des 2500 producteurs adhérents du CIVL.
Ces deux orientations économique et technique trouvent également une légitimité à être partagées avec les autres interprofessions du bassin, InterOc ou CIVR (Roussillon). Pourquoi pas à travers la relance d’une fédération InterSud en dormance.
Les déclencheurs de la crise viticole actuelle sont bien ressentis par l’interprofession. Le cumul annuel mobile des ventes affiche un recul de 6 % à début novembre pour les vins tranquilles AOP (8,383 Mhl vendus), plus marqué sur les vins rouges (-5,8 %). La valorisation affiche néanmoins une stabilité (+0,6 %). A l’export, les principaux marchés faiblissent, alors que des marchés secondaires se dynamisent, contribuant à une baisse totale de seulement 0,9 % pour les AOP à l’export. La montée en gamme se confirme néanmoins, avec une progression de 7,6 % des rouges >5€, qui représentent aujourd’hui 55 % des ventes totales des AOP rouges du Languedoc.