Depuis le jugement du tribunal de Narbonne, il y a plus d’un an, la filière a perdu trop de temps ! ». C’est par ces mots qu’Alexandre They, président de la fédération régionale des metteurs en marché direct du Languedoc-Roussillon, exprime, par communiqué, la lassitude de sa fédération, doublée d’une impatience non feinte. « Il y a urgence », appuie-t-il, pour que cette intégration puisse être actée dès la prochaine assemblée générale de juillet 2023.
Rappelant que le jugement évoqué (rendu le 3 février 2022 par la chambre civile du tribunal judiciaire de Narbonne) « confirme de façon incontestable notre légitimité à siéger à l’interprofession, hors de toute notion de code APE (Activité Principale Exercée, ndlr)», la fédération des metteurs en marché direct, par la voix de son président, estime qu’il est grand temps d’acter concrètement l’intégration de ses représentants. « Par son poids au sein du marché́, la fédération a vocation à être membre de l’interprofession des Vins du Languedoc au sein du collège de la mise en marché, car nous représentons 64 % de la mise en marché. Ce litige a permis d’ouvrir une discussion, nous appelons maintenant de nos vœux que celle-ci aboutisse afin que notre fédération occupe la place qui est la sienne », abonde Alexandre They.
S’il ne s’était limité qu’à une problématique réglementaire, Alexandre They répète que « le sujet aurait pu être réglé en 10 jours, mais nous avons affaire à un blocage politique de la part de l’UEVM (Union des entreprises vinicoles méridionales, le syndicat des négociants du bassin Languedoc, ndlr) ». Pour rappel, c’est l’UEVM, dans sa position d’organisation représentative de la mise en marché, qui désigne les noms des délégués siégeant au collège mise en marché. Lors de l’assemblée générale de 2021, les négociants ont rompu un équilibre politique informel, en place depuis 20 ans, avec la décision de ne pas proposer de délégués issus des metteurs en marché direct, sur la base d’une référence APE considérée comme injustifiée par le jugement du 3 février 2022.
Sollicitée par Vitisphere, l’UEVM regrette, par voie de communiqué, « que les revendications de certains metteurs en marché directs bloquent la filière et la mise en place de solutions pour répondre à la crise des vins ». Pour le syndicat des négociants du Languedoc, les arguments avancés par la fédération des metteurs en marché direct relèvent du « propos mensonger » doublé d’un « manque de fiabilité de quelques personnes qui pénalisent le travail de l’interprofession pour promouvoir les appellations du Languedoc en France et à l’international ».


En apportant « tous les éléments juridiques et économiques, demandés par la règlementation en vigueur », la fédération des metteurs en marché direct considère avoir fait sa part du travail de conciliation. « C’est au négoce de montrer sa volonté de faire avancer les choses et cesser le blocage politique qui dure depuis notre éviction de 2021. Nous ne voulons pas avoir des sièges pour simplement acter notre présence, mais pour que nous soyons tous autour de la table pour porter les marques que sont toutes nos appellations régionales », appuie Alexandre They.
L’UEVM souligne de son côté « qu’il est urgent de réfléchir à des solutions pour l’avenir des vins du Languedoc, et seul un plan collectif pour vendre les vins nous permettra d’aller de l’avant » dans un contexte de baisse de consommation, fermeture de marchés export et inflation. Les volontés de rassemblement ne semblent donc pas si éloignées entre les deux parties. Les modalités de mises en œuvre apparaissent pourtant encore inconciliables. « Les metteurs en marché direct se présentant avant tout comme des producteurs, ils sont déjà représentés dans le collège de la production. Désigner des producteurs dans le collège de la production et des négociants dans le collège du commerce permet de respecter le fonctionnement paritaire entre ces deux familles au sein de l’interprofession », confirme l’UEVM par communiqué. Hors de question donc d’envisager une intégration des metteurs en marché direct au sein du collège de la mise en marché.
L’union des négociants réfute même la bonne foi des metteurs en marché direct, et « dénonce le chantage » de menace de sortie de l’interprofession de plusieurs appellations en fin d’année, ainsi que des propos mensongers de la part des metteurs en marché direct. « Nous avons fait le maximum pour maintenir le dialogue et trouver des solutions viables qui ne mettent pas en péril l’interprofession. Aucun des éléments que nous avions demandé sur la 'fédération des metteurs en marché directs' ne nous a été apporté. Nous avions demandé les statuts et la liste des adhérents qui ne nous ont jamais été communiqués. Sans cela, impossible de calculer une quelconque représentativité », appuie Gilles Gally, président de l’UEVM.
Estimant de son côté que le jugement rendu par le tribunal de Narbonne va dans son sens en n’ayant pas invalidé l’assemblée générale du CIVL de juin 2021, l’UEVM souhaite maintenant clore définitivement ce dossier et se concentrer sur les défis d’avenir pour la filière. La divergence de points de vue semble plus que jamais difficile à réconcilier.