ourrier du cœur. Réunie ce 2 juin en conseil d'administration puis en assemblée générale, la fédération régionale des metteurs en marché direct vote à l'unanimité l'envoi d'un courrier recommandé demandant l'intégration officielle de ses représentants dans le collège du négoce du Conseil Interprofessionnel des Vins du Languedoc (CIVL). Devant partir en début de semaine prochaine, la lettre permet d'enclencher un processus encadré réglementairement pour permettre de résoudre, ou trancher, définitivement ce que les metteurs en marché direct considèrent être un problème de représentativité depuis leur éviction de l'assemblée générale de l'interprofession l'an dernier. En les sortant du collège du négoce, l'Union des Entreprises Vinicoles Méridionales (UEVM) a rompu un équilibre politique informel, en place depuis 20 ans.
Après de récents échanges avec le CIVL et l'UEVM (qui n'ont pas donné suite aux sollicitations de Vitisphere à date de publication), « nous rentrons dans une période réglementaire de formalisation des demandes. Les réponses seront ce qu'elles sont, mais il n'y aura plus de tergiversation possible, de "oui mais" ou de "et si" » indique Alexandre They, le président de la fédération régionale des metteurs en marché direct, qui suit ainsi les préconisations de la chambre civile du tribunal judiciaire de Narbonne. Dans un jugement rendu ce début d'année, la juridiction note que « le vigneron producteur qui commercialise directement et intégralement sa production, a vocation à faire partir de cette catégorie [le collège de la transformation et du négoce], compte tenu de son caractère hybride. Il paie d'ailleurs des cotisations en vertu de sa double appartenance » (1,5 ?/hl). Et de précise que « le juge judiciaire ne peut, sans empiéter sur la compétence du juge administratif, seul compétent en la matière, statuer sur la représentativité de tel ou tel acteur du secteur. »


Après la réception de ce courrier, le conseil d'administration du CIVL pourrait se positionner dans les prochaines semaines. Avec la demande, en cas de réponse positive, d'une assemblée générale extraordinaire avant la fin d'année 2022 indique Alexandre They. En cas d'accord, les parties devront également s'accorder sur le poids de chacun dans les instances languedociennes : « il faudra une discussion sur le poids réels de chacun sur les marchés, en volume et valeur, et un compromis pour que tout le monde soit à l'équilibre des forces en puissance » indique Alexandre They. Qui souligne que « le but des metteurs en marché direct, ce n'est pas de siéger pour siéger à tout prix. Notre but, c'est d'être autour de la table pour porter un projet commun, pour discuter des opportunités des actions et de la mise en avant de l'ensemble des appellations et filières de production ».
Prenant un nouveau tournant, ce conflit languedocien a l'opportunité de résoudre les mécontentements qui existent de part et d'autre sur la politique de communication des AOP. Et qui se cristallisent dans les récentes lettres recommandées envoyées par trois Organismes de Défense et de Gestion (ODG) pour quitter l'interprofession. Si les appellations Corbières et Faugères sont ouvertes à la discussion et à la négociation, Fitou semble avoir décidé de partir quoiqu'il en soit. C'était le courrier du cœur brisé.