’appel du Syndicat des Vignerons de l’Aude a été entendu. Malgré la période de travail intense au vignoble, 200 viticulteurs (selon le syndicat) se sont mobilisés ce jeudi 2 juin à Trèbes, devant les bureaux de l’Office Français de la Biodiversité (OFB), où deux des leurs étaient convoqués. Christophe Camus et son père, viticulteurs à Névian étaient attendus à 8h30 pour une audition suite à un contrôle de la police environnementale qui les met en cause pour non-respect de la ZNT aquatique (Zone de Non-Traitement).
Une accusation que rejette en bloc l’un des prévenus. « Je ne vois pas ce qu’on me reproche. J’ai bien respecté la ZNT aux abords des cours d’eau. Déjà l’an dernier, l’OFB m’avait convoqué pour un moteur d’arrosage qui n’était même pas sur ma parcelle. C’est de l’acharnement alors que nous sommes déjà dans une situation très difficile. L’an dernier, avec le gel, ma récolte a été divisée par 9. Les prix de nos fournitures flambent. On n’arrête pas de faire des efforts pour réduire notre empreinte environnementale sans que nos vins soient mieux payés pour autant. On va finir par se décourager. Je suis à bout », lâche-t-il désabusé. De son côté le président du syndicat dénonce les méthodes de contrôle de l’OFB : « Nous demandons une approche beaucoup plus pédagogique, plutôt que de la répression. Des agents armés dans nos vignes, ce n’est pas possible. On n’est pas des criminels" plaide Frédéric Rouanet (photo ci-dessous).
Critiquée par le syndicat minoritaire Confédération Paysanne (voir encadré), une délégation de représentants syndicaux et de la chambre d’agriculture de l’Aude a été reçue par des représentants de l’OFB dont le directeur adjoint de la direction régionale Occitanie, pendant que les viticulteurs mobilisés manifestaient leur colère par des barrages sur les routes. Elle a obtenu une suspension de la dizaine de procédures contentieuses en cours dans l'Aude jusqu’aux vendanges. Les agents de l’OFB s’engagent par ailleurs annoncer leur venue, obligation à laquelle ils n’étaient plus tenus. Etienne Frejefond, directeur régional adjoint de l’OFB en Occitanie se dit ouvert au dialogue : « Nous entendons les difficultés exprimées par les viticulteurs et restons ouverts au dialogue pour trouver des pistes de collaboration. Mais la qualité des eaux est une priorité de l’Etat, cela reste un enjeu majeur ».
Dans un communiqué, la Confédération Paysanne critique les manifestants et les "organisation qui veulent toujours plus d'argent public mais toujours moins de contraintes environnementales". Pour le syndicat agricole, "que le public ne s'y trompe pas, ce n'était pas LA profession agricole qui manifestait, brûlait des pneus et hurlait contre les contrôles et les fonctionnaires, aujourd'hui à Trèbes".