Avant ils étaient garde-chasses, qu’ils le redeviennent. Ils ne savent pas si une vigne est désherbée ou s’il y a eu du broyage… » soupire Fédéric Rouanet, le président du Syndicat des Vignerons de l’Aude (SVA), qui appelle à la mobilisation du vignoble ce jeudi 2 juin pour accompagner à 8h30 deux producteurs convoqués à Trèbes par l'Office français de la biodiversité (OFB, né en 2020 de la fusion de l'Agence française de la biodiversité et de l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage). Ayant été contrôlés par des agents de l’OFB, ces deux vignerons seraient auditionnés pour des manquements à la réglementation environnementale. En particulier pour le non-respect « de la bande enherbée des 5 mètres aux abords des Zones de Non-Traitement aquatiques (ZNT aquatiques) lors des opérations de désherbage » précise un communiqué du SVA.
Remettant en cause l’expertise des agents de l’OFB, Frédéric Rouanet note que « les ZNT s’agrandissent toute seule par la mécanisation [nécessitant d’éloigner les vignes des bords de parcelles]. Ça se fait petit à petit, ce n’est pas parce qu’il y une ZNT qu’il faut arracher les vignes anciennes ». Au-delà des mesures jugées injustifiées, c'est la convocation qui ne passe pas, le représentant syndical ayant l’impression que ses camarades vont être mis en garde à vue et vont devoir reconnaître leurs torts comme s’ils étaient présumés coupables. « Je n’ai plus envie d’avoir des gens avec des armes qui viennent dans nos vignes pour nous dire ce qu’il faut faire » peste Frédéric Rouanet, glissant qu’« un jour il y aura un drame dans une vigne ».
Rejetant toute poursuite, cette mobilisation arrive en pleine période de tension dans le vignoble languedocien, où les trésoreries restent affectées par une succession inédite de crises (climatiques, géopolitiques, logistiques…). Depuis l’invasion russe de l’Ukraine, « on vient de prendre 800 € de charges en plus par hectare. Il y aura des frais de vinification en plus » témoigne Frédéric Rouanet, qui compte discuter avec l’OFB jeudi et faire remonter aux pouvoirs publics la colère du vignoble languedocien.
Contacté, l’OFB n’a pas donné suite aux demandes de Vitisphere à date de publication.