’est voté, 22 voix pour, 10 voix contre. Lors du conseil d’administration de ce 22 juin, une solide majorité des 32 administrateurs a voté la sortie de l’appellation Corbières du Conseil interprofessionnel des vins du Languedoc (CIVL). Malgré une fronde des derniers instants, où un collectif de 36 déclarants de l’appellation (qui en compte 1 046) s’est mobilisé pour réclamer un report ou une présentation de la décision en assemblée générale, il n’y a pas eu de retournement de situation de dernière minute. Les membres du collectif siégeant au conseil d’administration ne sont pas parvenus à faire pencher la balance en faveur d’un report de cette décision.
« Je félicite le conseil d’administration qui a su rester au-dessus de la mêlée en tenant des débats sereins », précise le président du syndicat d’appellation Corbières Olivier Verdale, « un des administrateurs a demandé un report de ce vote mais n’a pas été suivi par le conseil qui s’est exprimé à une large majorité ». Une grande page va donc se tourner à compter du 31 décembre prochain pour une appellation audoise présente au sein du CIVL depuis la création de cette interprofession en 1994.
Depuis l’envoi du courrier de préavis de sortie en avril 2022, les indicateurs ne laissaient que peu de doutes quant à l’issue de la décision de l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG) de l'AOC Corbières, qui fait suite à celle de sa voisine Fitou plus tôt cette année, et Minervois en 2020. « Les racines de cette décision sont profondes, avec une carence de communication autour de notre appellation de la part de l’interprofession », appuie Olivier Verdale. Mais la déflagration reste de taille pour l’interprofession languedocienne. Avec une production oscillant entre 200 000 et 250 000 hl, quasiment autant que l’appellation Languedoc, Corbières privera le CIVL d’une part conséquente des cotisations volontaires obligatoires (CVO, 3 €/hl) à compter de la fin d’année 2023.
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C’est donc un poids lourd qui s’extraie d’un CIVL qui devra nécessairement ajuster ses orientations d’investissement et de communication à compter de 2024, sachant que Faugères, autre potentiel partant de l’interprofession, n’a toujours pas décidé de son avenir au sein de celle-ci.
Dans une volonté affirmée de rassemblement avec l’ensemble des cotisants de l’appellation, Olivier Verdale annonce la présentation d’un plan d’action et de fonctionnement du syndicat pour les trois ans qui viennent. « Le travail sera mené tous ensemble avec des commissions ouvertes à tous nos cotisants. Nous travaillerons sur les nouveaux contours de communication, et plus concrètement, sur les aspects techniques de fonctionnement pour la contractualisation et l’interface DéclaViti », détaille-t-il. Faisant partie des administrateurs favorables à un report de la décision, David Latham estime que ce projet aurait dû être présenté avant d’engager le vote. « Nous avions le temps de prendre une décision d’ici la fin d’année », rappelle-t-il. Également président de la toute fraîche appellation communale Boutenac, il signale que cette dernière reste quant à elle rattachée au CIVL, même si la trentaine de vignerons qui la composent sont également tous producteurs de Corbières.
Estimant que des synergies et des passerelles existent avec les autres appellations dissidentes de l’interprofession, Olivier Verdale s’annonce ouvert à toutes les discussions avec celles-ci pour envisager des actions communes. Contacté, le CIVL attend à présent de recevoir la notification officielle de la décision prise par l’ODG Corbières avant de commenter ce changement majeur de sa composition.