n actant en assemblée générale le retrait de l’AOC Fitou du conseil interprofessionnel des vins du Languedoc (CIVL) pour la fin d’année 2023, le président du Cru Fitou Alain Gleyzes avait évoqué cinq griefs essentiels auxquels l’interprofession n’avait pas apporté de réponses satisfaisantes. En effet, suite à l’envoi des courriers de dénonciation de l’adhésion triennale au CIVL des AOC Fitou, Corbières et Faugères, en avril et mai 2022, une commission de conciliation a rencontré les représentants de chacune de ces ODG « pour élaborer des propositions dans le cadre interprofessionnel qui satisferont les demandes des appellations concernées », précisait alors Christophe Bousquet, président du CIVL.
Pour ce dernier, certaines demandes relevaient pourtant de l’impossible. A commencer par la durée de préavis nécessaire à la sortie de l’interprofession aurait voulu ramener à 6 mois. « C’est impossible d’aller sur des délais aussi courts pour assurer la stabilité et la visibilité au sein d’une interprofession. Le préavis d’un an et demi est d’ailleurs à peu près similaire à ce qui pratique dans toutes les interprofessions. Sans cette visibilité, comment établir des budgets ou des stratégies de promotion et communication ? », appuie Christophe Bousquet.
Si celui-ci reconnaît que les appellations Fitou et Corbières se retrouvent sur des demandes globalement similaires, « les représentants de Faugères ont de leur côté soulevé des points très techniques, autour desquels des accords ont été trouvés lors des réunions de conciliation », apprécie-t-il. L’appellation Faugères a néanmoins décidé de soumettre au vote en assemblée générale (début juin 2023) son maintien au sein du CIVL, Christophe Bousquet reconnaissant que « la représentativité des metteurs en marché directs dans l’interprofession apparaît comme une question centrale dans les questionnements de Faugères ».
Aux autres questions soulevées par l’appellation Fitou dans le fonctionnement, le président du CIVL a apporté des réponses. A commencer par la place des différentes appellations au sein de la stratégie de communication de l’interprofession. « J’ai confirmé que la communication n’était plus centrée sur 'vins du Languedoc', sans toutefois laisser de côté l'appellation Languedoc, portée par sa propre section interprofessionnelle. Je porte sur mon mandat l’ambition de mettre en avant toutes les AOC, après avoir également confirmé l’augmentation de moyens pour la communication dédiée aux différentes appellations faisant le choix d'augmenter leurs cotisations, pour des actions qui les réunissent sous cette bannière commune », défend Christophe Bousquet. Reconnaissant ,pour certaines AOC, un sentiment de focalisation sur l'appellation Languedoc par l'utilisation de la bannière commune à l'ensemble des AOC 'vins du Languedoc', le vigneron établi dans le massif de La Clape rappelle que « 75% des budgets de communication sont à présents dédiés à la mise en avant des différentes appellations, ce qui a pu être concrètement vu lors de Wine Paris, des différents évènementiels ou du weekend terroirs et millésimes qui a réuni une cinquantaine de journalistes internationaux ».
Appellation de vins rouge par excellence, Fitou reprochait également la communication trop ‘rosée’ du CIVL, et le manque d’efforts vers la Chine ou la grande distribution, plus porteurs pour une appellation comme Fitou. « Lors des rencontres de conciliation, des présidents d’autres appellations, membres de la commission, ont rappelé que le marché chinois est totalement fermé depuis deux ans. Les chiffres commerciaux de la Chine ne parlent pas en faveur d’efforts de promotion vers ce marché, pour l’instant. Concernant la promotion des vins rosés, les décisions d’orientation de la communication sont prises de manière collective, en s’orientant vers des pays où le marché fonctionne bien. Dans tous les cas, ces orientations ne sont pas irrévocables et pourront changer à l’avenir, selon l’évolution de nos marchés », déroule Christophe Bousquet.
Il rappelle également que, face à la grande distribution, le rôle de l’interprofession ne peut que s’orienter qu’en faveur de de l’image et la communication des appellations, « mais en aucun cas jouer un rôle de soutien commercial ».


Enfin, lors des réunions de conciliation, les représentants des appellations Fitou et Corbières ont demandé une nouvelle répartition des fonds liés aux CVO (cotisations volontaires obligatoires). La ventilation actuelle voit 83% du montant des cotisations (qui s’élèvent à 3€/hl) aller vers le budget général de fonctionnement et communication du CIVL, et 17% partant vers les sections interprofessionnelles (SI) spécifiques aux appellations. « Depuis deux ans, nous avons proposé que chaque appellation puisse augmenter sa CVO de 1 à plusieurs €/hl. Ce supplément est alors réparti à 70% vers la section interprofessionnelle de l’ODG qui a voté ça. 7 AOC ont déjà fait ce choix, d’autres y réfléchissent, ce qui est une preuve de confiance à l’égard de notre interprofession », ajoute le président du CIVL. Il illustre les effets positifs de ces budgets supplémentaires, qui ont permis à ces SI d’engager des actions à l’export différentes. « Cette avancée est un effort important en faveur des appellations alors qu’un €/hl ne représente quasiment rien à l’échelle d’une bouteille et permet en contrepartie de donner du souffler pour l’accompagnement des SI », poursuit le vigneron de La Clape.
Maintenant son engagement d’unité, Christophe Bousquet ne peut « se réjouir du départ d’appellations, ça ne fait jamais du bien et ce sera évidemment du budget en moins ». Soit plus d’une centaine de milliers d’euros pour les cotisations de la seule appellation Fitou. « Il y a une certaine méconnaissance de l’utilisation de nos budgets, mais je ne peux que déplorer que les représentants de Fitou et Corbières ne viennent assister aux conseils d’administration et assemblées générales depuis 2 ans. Ils ne sont pas là pour défendre leurs positions auprès de leurs pairs, présenter leurs propositions devant les autres ODG et discuter des possibilités d’arrangement. Nous aurions certainement trouvé des solutions ! D’autant que les SI de Fitou, Corbières et Faugères ont bien fonctionné ces deux dernières années. Celle de Corbières est une SI importante qui fonctionne vraiment bien », termine le président du CIVL. Rendez-vous est donc fixé en juin pour connaître les choix définitifs de Corbières et Faugères.