éconsommation oblige, « le secteur du vin vit des heures difficiles » pose d’emblée Valérie Vincent, la directrice marketing et communication de l’union coopérative Rhonéa (caves de Beaumes-de-Venise, Rasteau, Vacqueyras, Vilavigne-Sarrians et Visan). Comme le reste de la filière, l’opérateur coopératif « fait face à une baisse régulière de la consommation, on a du mal à recruter de nouveaux consommateurs. Surtout sur les vins rouges » poursuit Valérie Vincent, qui rappelle que le temps d’évolution du vignoble n’est pas celui du changement des goûts du consommateur. Mais avec 2 900 hectares de vignes pour 400 adhérents, le champ des possibles reste ouvert souligne la directrice marketing.
Explorant les possibilités de ce terrain de jeu viticole, Rhonéa teste de nouveaux procédés de productions pour répondre aux demandes du marché : vins moins alcoolisés, vins blancs, bière… Effet du changement climatique, l’augmentation des degrés alcooliques amène l’union coopérative à investir dans un désalcoolisateur. Dotée de distillation à froid sous vide d’air, Rhonéa a désalcoolisé 20 % d’un assemblage de vin rouge AOC Côtes du Rhône pour obtenir un vin à 11,5°.alc. De quoi éviter des profils de vins rouges aqueux/moins colorés/moins aromatiques, tout en restant dans l’appellation Côtes du Rhône (la désalcoolisation étant inférieure à 2°.alc et le titre alcoométrique volumique final restant supérieur à 11°.alc.). Lancé en Grande Distribution (GD, marque "Terroir Daronton" à 4,5 €/col de Prix de Vente Conseillé, PVC) et sur le réseau traditionnel (marque "les Arstistes, 7 à 8 €), cette première incursion dans la réduction du degré alcoolique sera suivie en 2024 par la création d’une cuvée à 6°.alc en vin de France.
Pour répondre à l’intérêt des consommateurs pour les vins blancs avec un vignoble rouge, Rhonéa teste logiquement le blanc de noirs (soit l’absence de macération pelliculaire de raisins rouges). Utilisant une majorité de grenache pour ce vin de France, la coopérative aurait produit des volumes conséquents de blanc de noirs pour tester la réponse des marchés du vin vrac. En 2024, Rhonéa pourrait en commercialiser 10 à 15 000 bouteilles en GD (marque "brume", environ 7 € PVC).
Autre sortie de la zone habituelle de Rhonéa : la réalisation d’une bière au muscat à 5,5°.alc, sous la marque "Andie" (3,90 € PVC). Suivie par l’œnologue de Rhonéa, Thierry Sansot, cette recette au muscat des Beaumes de Venise a été réalisée en partenariat avec la brasserie Cap d’Ona (Argelès-sur-Mer, Pyrénées-Orientales), qui avait déjà produit une bière blonde aux moûts et vins de muscat (de Rivesaltes). Mise en vente, cette bière atypique présente « les arômes du muscat au nez et l’amertume du houblon en bouche » pointe Valérie Vincent, qui évoque un projet de bière au vin doux naturel de Rasteau. « L’idée est de tester ce que l’on peut faire avec notre matière première pour être en capacité de faire face à cette période de remise en question. Notre matière première est une force de notre collectif » conclut Valérie Vincent.