a roue du marché des vins dans le monde tourne inexorablement. A des milliers de kilomètres de distance, deux détaillants ont observé des tendances qui pourraient indiquer un rebond des vins rouges, mais pour des raisons différentes. Au Royaume-Uni, l’enseigne de grande distribution Waitrose a annoncé que ses clients ont « troqué le rosé contre le vin rouge à cause d’un été pluvieux ». Certes, une météo plus favorable en septembre aura peut-être changé la donne, mais jusqu’à fin août, le distributeur dévoilait des chiffres de vente impressionnants pour son offre en rouge.
A titre d’exemple, la catégorie des « grands vins rouges français » a fait un bond de 270%, tandis que les Bourgognes rouges en particulier progressaient de 163% et les vins de la Loire et du Rhône gagnaient 30% par rapport au mois de juillet de l’an dernier. En cause : un été 2023 particulièrement pluvieux, où les consommateurs ont préféré rester au chaud à l’intérieur avec un bon vin rouge. L’année dernière, lorsque le mercure a frôlé les 40°C, les clients se sont empressés d’acheter des vins rosés et blancs. « En général, nos clients privilégient un bon rosé bien frais l’été…C’est dommage que le rosé n’ait pas eu la même place au soleil cette année, mais le vin rouge en a bien profité », note Jamie Matthewson, responsable des achats vins auprès de Waitrose. Les cocktails à base de vin rouge comme la sangria, de même que les rouges qui se consomment frais, ont également surfé sur cette tendance. Mais ce sont bien les vins rouges français qui se sont positionnés en fer de lance de ce mouvement.


De l’autre côté de l’Atlantique, le détaillant en ligne Drizly a fait réaliser son sondage annuel juste avant l’été dans lequel on découvre que ses clients avaient l’intention de privilégier le vin rouge au détriment du rosé et du blanc. A telle enseigne, que Drizly se demande, « le rouge sera-t-il le nouveau rosé ? » Dans son sondage auprès de plus de 1 000 adultes en âge légal de boire de l’alcool à travers les Etats-Unis, complété de données provenant des ventes sur le site, le détaillant avoue sa surprise en apprenant que 31% des répondants avaient l’intention de privilégier le vin rouge au cours de l’été, contre 28% pour les vins blancs et 17% pour les rosés. Certaines tendances convergentes apportent d’éventuelles explications à cette nouvelle orientation : la crise du pouvoir d’achat encourage de plus en plus de consommateurs à fréquenter moins les bars et restaurants et à dépenser davantage sur des boissons consommées à domicile. Dans le même temps, les cocktails prêts à boire et les hard seltzers semblent être en perte de vitesse. « Dans l'ensemble, cette enquête a révélé que les préférences des consommateurs évoluent en matière de bière, de vin et de spiritueux », note Liz Paquette, responsable des études consommateurs, qui affirme que « le vin rouge devient de plus en plus prisé pendant les mois les plus chauds ».