’est le résultat d’un malheureux concours de circonstances, explique l’analyste de RaboResearch, Pia Piggott. L’imposition en 2021 de droits de douane punitifs par la Chine a coïncidé avec une récolte particulièrement abondante, la plus importante de l’histoire du pays. « La production de vin en 2021 a fait un bond de 36% par rapport à l’année précédente, ce qui aurait provoqué dans tous les cas des excédents », souligne l’analyste. Ajoutons à cela, l’engorgement de la chaîne d’approvisionnement international et les difficultés logistiques suite au Covid-19 ainsi que la régression mondiale de la consommation de vins rouges. Autant dire, un cocktail explosif favorisant une envolée des stocks de vins, malgré une récolte 2023 la plus faible depuis 2000 (1,32 million de tonnes). Au final, La Niña, porteuse de pluies, voire d’inondations, et puis de maladies donc de rendements en baisse, aura volé au secours de la filière vitivinicole australienne cette année.


Mais toujours selon le rapport de la Rabobank, il ne devrait pas s’agir de phénomènes de courte durée. « Même une levée anticipée des droits anti-dumping chinois ne suffirait pas pour empêcher que le secteur vitivinicole australien ne soit confronté à plusieurs années de surproduction », prédit la banque néerlandaise. « Dans le meilleur des cas, si les droits de douane étaient levés cette année et que le consommation chinoise de vins australiens reprenait rapidement, ce ne serait pas la panacée. Il faudrait au moins deux ans à la filière vitivinicole australienne pour éliminer ses excédents actuels de vins ». Résultat : la part des exportations de vins australiens en vrac s’est envolée, passant de 55% du total avant les droits de douane chinois à plus de 60% à l’heure actuelle. « Tant qu’il faudra éliminer des stocks, les prix resteront bas », constate, par ailleurs, Pia Piggott, pointant notamment les vins rouges d’entrée de gamme.


La réouverture du secteur CHR post-Covid et la baisse consécutive des ventes en grande distribution au Royaume-Uni ainsi que l’augmentation importante des droits d’accise en août (+20% sur une bouteille moyenne de vin australien) ne manqueront pas de pénaliser les expéditions australiennes vers leur première destination à l’export. Et de conclure : « Pour retrouver l’équilibre et la rentabilité, il faudra réduire la superficie du vignoble. Ainsi, au cours des cinq prochaines années, nous assisterons à une rationalisation des actifs tout au long de la chaîne d’approvisionnement ».