uel est le lien entre un nouveau centre de désalcoolisation de vins à l’Université d’Adelaïde et l’imposition de surtaxes sur les vins australiens en Chine ? Réponse : une volonté farouche au sein de la filière australienne de diversifier, à la fois son offre et ses marchés. Pour aider les producteurs à se remettre des revers subis en Chine, le gouvernement d’Australie méridionale, en collaboration avec l’Université d’Adelaïde, le ministère de l’Agriculture et l’Australian Wine Research Institute, a investi près de 2 millions AUD (soit quelque 1,3 million d’euros) dans des installations de désalcoolisation.
Avec comme pièce maîtresse une colonne à cônes rotatifs FlavourTech, le nouveau centre va permettre aux producteurs de réaliser des essais sur de petites quantités. « L'échelle de l’équipement est essentielle car elle permettra la réalisation d’essais de recherche et de développement de nouveaux produits à partir de 150 litres de vin, ce qui est bien moins que les équipements à l'échelle commerciale dont le débit minimum est de 10 000 litres », a expliqué le professeur Paul Grbin, responsable œnologique au sein de l’Université d’Adelaïde. Par ailleurs, des installations de mise en cannettes et en bouteilles sont prévues, « pour que des produits tests puissent être conditionnés et utilisés comme échantillons, que ce soit à l’attention des consommateurs ou des professionnels, à des fins d’études de marché ou d’exportation ». Dans les deux cas, l’objectif est de permettre aux opérateurs australiens de bénéficier de coûts de développement peu onéreux et de minimiser les risques, afin de profiter de ce marché en plein essor.
En effet, le marché mondial des « No-Lo » – toutes catégories confondues – progresse à un rythme annuel supérieur à 25%, pour une valeur estimée par The IWSR à plus de 11 milliards $ en 2022 (soit 10 milliards €). Comme le fait remarquer l’analyste britannique, « le plus grand défi auquel est confrontée la catégorie no/low est celui de la disponibilité des produits ». Au-delà d’une offre limitée, le niveau qualitatif est souvent montré du doigt, notamment pour les vins. C’est à ces deux défis majeurs que la nouvelle unité australienne compte répondre. Le vin australien représente actuellement 5 % du marché mondial des No-Lo, mais seulement 3 % de la valeur. Pour les parties prenantes du projet, cette divergence, « souligne l'importance de renforcer notre position mondiale en améliorant la perception sensorielle de la saveur, de la texture et de l'arôme des vins NOLO ».
Cette semaine, le gouvernement australien a annoncé être parvenu à un accord avec la Chine qui permet d’envisager la fin du conflit autour de l’orge australienne. Pour rappel, l’orge fait partie des produits australiens sur lesquels le gouvernement chinois a imposé des surtaxes douanières particulièrement prohibitives, à l’instar des vins. « Si l'accord conclu aujourd'hui permet de lever les droits sur l'orge, nous nous attendons à ce qu'un processus similaire soit suivi pour supprimer les obstacles au commerce du vin australien » ont déclaré les trois ministres australiens impliqués dans ce processus dans un communiqué conjoint.