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Au Maroc, les vignerons mettent tout en oeuvre pour préserver leurs vignes des vagues de chaleur
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Vignoble étranger
Au Maroc, les vignerons mettent tout en oeuvre pour préserver leurs vignes des vagues de chaleur

Les effets du réchauffement climatique se font sentir au Maroc de façon drastique. Les viticulteurs testent toutes sortes de pratiques dans l’espoir de préserver leurs ceps des rayons brûlants du soleil ainsi que du chergui, le vent venu du Sahara.
Par Quentin Davi Le 20 octobre 2023
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Au Maroc, les vignerons mettent tout en oeuvre pour préserver leurs vignes des vagues de chaleur
Désherbage entre les rangs au domaine du Val d'Argan fondé par Charles Mélia, au Maroc. - crédit photo : DR
A

u domaine de la Zouina, Christophe Gribelin, le gérant, et Vincent Hudon, son conseiller viticole, cherchent des solutions pour faire face au réchauffement climatique. Proche de Meknès, dans le nord du pays, ce domaine est situé sur les contreforts de l’Atlas, à 800 mètres d’altitude. Avec le réchauffement, certaines années, il pâtit de températures hostiles dès le mois d’avril. Et les pluies qui survenaient autrefois aux alentours du 15 août en amenant de la fraîcheur, s’effacent devant d’autres vagues de chaleur. Même la grêle s’aggrave. Le domaine essuie généralement une de ces averses par an. « Avec le changement climatique, ces épisodes s’intensifient », assure Christophe Gribelin.

Tout est irrigué en goutte à goutte

Tout le vignoble est irrigué au goutte-à-goutte, comme partout au Maroc. « Seules de très vieilles parcelles datant du protectorat français subsistent sans cet atout », explique le vigneron.

Pour atténuer le chergui, ce vent sec et brûlant qui souffle du Sahara, ce vigneron a fait dresser des haies de cyprès et d’oliviers autour de ses parcelles. Mais souffrant eux-mêmes de la sécheresse, les cyprès n’ont pas poussé suffisamment pour assurer la protection, alors que du point de vue hydrique ils concurrencent fortement les vignes, jusqu’à une dizaine de mètres de distance. Afin que ces haies se développent sans trop concurrencer la vigne, il faudrait les irriguer ; ce qui serait bien trop coûteux en eau.

Les couverts végétaux à l'essai

Autre solution à l’essai : les couverts végétaux. À l’automne, Christophe Gribelin sème entre les rangs de vigne des variétés endémiques d’orge et de féverole. Au printemps, il couche ces couverts avec un rouleau et les conserve comme paillis. Une technique à double tranchant car certaines années, le bas des grappes a grillé du fait de la réverbération des rayons lumineux par le paillis.

Si le climat devait continuer à se réchauffer, Christophe Gribelin n’exclut pas de planter à une altitude supérieure. « Et on ne repartira pas sur du cabernet sauvignon, sauf sur de petites surfaces, pour conserver ses qualités organoleptiques, précise Vincent Hudon. Ni sur du malbec, dont les baies flétrissent par temps sec pour donner des choses assez confites. On préférera la syrah et le carignan, qui se comportent mieux en période de sécheresse. Pour les blancs, le chardonnay constitue une bonne surprise : il résiste bien aux poussées de chaleur. »

Conditions infernales

Plus au sud, dans la province d’Essaouira, les effets du réchauffement sont bien plus intenses. Charles Mélia les subit durement. Venu de Châteauneuf-du-Pape, ce vigneron a fondé dans les années 1990 le domaine du Val d’Argan, à Ounara, à 150 km à l’ouest de Marrakech. Mi-avril, il nous reçoit sous un soleil déjà écrasant alors que nous ne sommes tout près de l’océan Atlantique.

« La pluviométrie cumulée des deux dernières années n’a pas même atteint 150 mm, constate-t-il amèrement. Au mois d’août, le mercure peut atteindre les 55 °C sous le souffle brûlant du chergui. » Ce climat dévastateur a divisé par quatre sa récolte. Désormais, elle gravite autour de 300 hl, alors qu’il y a cinq ans encore, il manquait de cuverie et rentrait plus de 1 200 hl les bonnes années.

Conduite en gobelet à ras du sol

Pour pallier ce changement, le viticulteur conduit ses nouvelles parcelles en gobelets au ras du sol, et en semant du sorgho, du maïs ou de l’indigo autour des ceps afin que les grappes profitent de l’ombre apportée par ces plantes. Ses voisins marocains lui ont conseillé ces associations traditionnelles. Mais pour qu’elles fonctionnent, il faut de l’eau ; or avec la sécheresse, les puits tarissent. Les rares eaux de pluies sont stockées dans des bassins de rétention conçus avec des subventions de l’État marocain. Charles Mélia ne pourra pas généraliser ce mode de culture à tout son domaine de 15 hectares.

Comme si cela ne suffisait pas, il doit aussi protéger ses vignes des étourneaux. En effet, ces voleurs viennent chaparder une part des raisins dès qu’ils mûrissent. De plus en plus, le vigneron compte sur l’œnotourisme pour assurer l’équilibre de son exploitation. Une affaire qui marche : ses chambres et sa délicieuse table d’hôte font régulièrement le plein.

Fournir de l’ombre à la vigne

Heureusement des solutions existent ! Mamoun Belcaid en a trouvé une. Ce cultivateur possède une exploitation à Nzalat Laadam, dans la province de Rehamna, au nord de Marrakech, l’une des régions viticoles les plus chaudes du royaume.

Ingénieur agronome de formation, il cultive 100 hectares de grenache noir et blanc et de cinsault, et livre ses raisins au groupe Zniber, qui possède la marque Les Celliers de Meknès. Il obtient des rendements très largement au-dessus des moyennes locales. Son secret ? Des filets d’ombrage qui recouvrent ses parcelles, et protègent la vigne sans la priver de la lumière nécessaire à la photosynthèse. En outre, comme ces filets la maintiennent au frais, elle consomme moins d’eau. Depuis qu’il les a installés, Mamoun Belcaid a réduit l’irrigation de 40 %, soit un apport 3 500 m3/ha/an. Même l’an dernier où il a fait entre 42 °C et 48 °C pendant presque trois semaines en été, sa récolte n’a pas été affectée. Il a ramassé jusqu’à 60 t/ha de raisin apte à produire des vins blancs ou rosés qualitatifs.

« Grâce aux filets d’ombrage, le sol, la matière organique et la vigne ne surchauffent pas, assure le vigneron. Nous arrivons à produire sans blocage de maturité. »

 

L’ennemi des rendements

Le chergui est un vent extrêmement chaud, sec et violent qui provient du désert du Sahara, et qui souffle parfois plusieurs semaines consécutives, entre avril et août. En traversant les monts de l’Atlas, il s’assèche encore davantage sans pour autant rafraîchir. En juillet, il souffle régulièrement au-dessus des 40 °C ; en août, il dépasse les 50 °C. « C’est comme quand vous ouvrez la porte d’un four », illustre Christophe Gribelin, gérant d’un domaine près de Meknès. À l’approche de la récolte, le chergui en concentre sévèrement les jus, faisant chuter les rendements à des niveaux très bas, au point que des moyennes de 10 hl/ha sont courantes au Maroc.

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