a procédure nationale d’opposition concernant une modification du cahier des charges réservant le terme « riesling » aux vins ne dépassant pas 4 g/l de sucre résiduel (ou 9 g/l si l’acidité totale exprimée en acide tartrique n’est pas inférieure de plus de 2 g à la teneur en sucre résiduel) prend du poids. Aux centaines de courriers type fustigeant ce projet et déjà adressés à l’INAO par les consommateurs et les professionnels s’ajoutent depuis le 18 septembre 43 metteurs en marché dont Pierre Heydt-Trimbach, président jusqu’à fin juin 2023 du groupement des producteurs négociants d’Alsace (GPNVA), cosignataires d’une lettre d’opposition juridique motivée de six pages envoyée à Paris qui plaide la « non-conformité à la légalité » du texte envisagé. Ce courrier pose notamment que « certains grands crus sont simplement inaptes à produire des rieslings secs » et que « la modification envisagée pourrait conduire à, une fragilisation, voire à une sérieuse menace de l’existence même de ces grands crus ».
La fronde reçoit également l’appui d’une des trois familles professionnelles alsaciennes. Dans une lettre du 8 septembre adressée à Christian Paly, président de l’INAO, Francis Backert, président du Synvira, rappelle que si « les AOC Alsace riesling doivent d’ores et déjà être secs, les rieslings affichant un nom de terroir particulier peuvent ne pas être dans cette typicité de "vin sec" (…). La sucrosité n’a jamais empêché la pleine expression des terroirs : le cahier des charges des AOC Alsace précise que « les vins bénéficiant d’une dénomination géographique complémentaire ou d’un nom de lieu-dit constituent une originalité », et de nombreux grands crus ont clairement défini dans leur cahier des charges les caractéristiques « fruités, gras, riches » en complément d’une typicité de « vins secs et minéraux ». Pour le Synvira qui estime que cette disposition irait à l’encontre de « la liberté pour les producteurs d’exprimer [leur] identité », la solution est de rendre « obligatoire l’inscription des mentions de sucrosité "sec", "demi-sec", "moelleux" ou "doux" sur l’étiquette de ces rieslings ».
Dans la foulée de ce premier courrier, le Synvira en adressé un second au même destinataire le 22 septembre. Francis Backert y signifie à l’INAO l’opposition de son organisation à la levée dans le cahier des charges de l’interdiction de l’irrigation des vignes. Il juge cette mesure « néfaste ». Pour trois raisons. Elle créerait d’abord une inégalité au sein des appellations en raison de l’iniquité de l’accès à l’eau entre parcelles de plaine et en coteau. Sans baisse de rendement (comme le prévoit le projet), elle pousserait ensuite à rechercher systématiquement dans ces parcelles le rendement maximum autorisé, « parfois au détriment de la qualité ». Elle pourrait enfin, toujours selon le Synvira, « nuire à l’image de marque de l’appellation ». Le syndicat pointe le risque que le consommateur ne fasse l’amalgame pour finalement penser que tous les vins d’Alsace sont issus de vignes irriguées. Le courrier conclut que « la fin de l’interdiction d’irriguer risque de déprécier ce lien [de confiance] si difficile à construire [avec le consommateur] ».