e match qui s’était disputé le 15 mars 2022 à l’assemblée générale de l’Association des viticulteurs d’Alsace (Ava) entre les partisans et les défenseurs du riesling sec est-il en train de se rejouer ? A l’époque, 78 délégués s’étaient prononcés en faveur du projet réservant le terme "riesling" sur l’étiquette aux seuls vins de ce cépage ne dépassant pas 4 g/l de sucre résiduel (ou 9 g/l si l’acidité totale exprimée en acide tartrique n’est pas inférieure de plus de 2 g à la teneur en sucre résiduel). Mais 34 délégués emmenés par Pierre Gassmann, vigneron indépendant à Rorschwihr (Haut-Rhin), avaient voté contre. Dans un texte pétition accessible via les réseaux sociaux intitulé « Il faut sauver le soldat riesling », le viticulteur écrit : « on veut nous interdire le droit de récolter des raisins mûrs pour le cépage riesling en interdisant la mention "demi-sec", "moelleux" et "doux" [alors que] le raisin doit être récolté mûr pour avoir le maximum d’antioxydants et de minéraux dans le vin » et en signalant que « ces pratiques historiques remontent au Moyen-Âge ».
Pour Pierre Gassmann, ce projet de texte n’est pas adapté à la « diversité » réelle des rieslings produits, certains avec moins et d’autres avec plus de 4 g/l de sucre résiduel. Il y voit la volonté de « standardiser » le « riesling sur la seule mention "sec" ». Il fustige « une frénésie normative » ainsi qu’un « diktat imposé par les grands producteurs élaborant des rieslings classiques ou de masse généralement distribués en supermarché ».
En 2022, les partisans de ce projet le présentait comme une mesure destinée à ramener de la « lisibilité » à la gamme des vins d’Alsace. Ils comptent communiquer à leur tour à l’issue de la PNO fixée au 2 octobre. A trois semaines de l’échéance, les services de l’Institut National de l'Origine et de la Qualité (INAO) ont réceptionné « plusieurs centaines » de courriers numériques type dénonçant « l’aberration » de ce projet. Une majorité émane de consommateurs, le solde provient de la profession. Ces courriers, une fois analysés seront transmis à l’Organisme de Défense et de Gestion (en l’occurrence l’Ava) qui étoffera avec ses arguments le dossier, puis repassera au comité national de l’INAO avec deux issues possibles : le rejet ou l’acceptation des remarques des opposants. Dans ce deuxième cas, la profession serait obligée de revoir sa copie.