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Eudémis, drosophiles... ces ravageurs de la dernière heure ont accéléré les vendanges
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Des attaques importantes
Eudémis, drosophiles... ces ravageurs de la dernière heure ont accéléré les vendanges

Eudémis, drosophiles, cicadelles vertes… Ces insectes, très nombreux, ont donné des sueurs froides aux vignerons au moment des vendanges. Témoignages
Par Colette Goinere et Ingrid Proust Le 21 septembre 2023
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 Eudémis, drosophiles... ces ravageurs de la dernière heure ont accéléré les vendanges
Les drosophiles ont provoqué des attaques de pourriture acide comme ici à Montlouis-sur-Loire (37) sur du chenin, obligeant les vignerons à opérer un tri sévère des raisins. - crédit photo : Cédric Faimali/GFA
«

 On est passé très près de la catastrophe ». À la tête du Château Mondeau, à Flaujagues, 16 ha en AOC Bordeaux, Frédéric Magne a été confronté à une forte attaque de troisième génération d’eudémis. Les premiers dégâts sont apparus à la fin août, principalement sur ses 10 ha de merlot. En revanche, ses 6 ha de cabernet sauvignon sont épargnés. « En fait, il y a 5 ha de merlots très touchés, notamment là où les grappes sont serrées, explique-t-il. Les graines sont perforées par les vers et flétrissent. Heureusement, il a fait chaud et sec. S’il avait plu, le botrytis aurait fait des siennes. » Afin de minimiser les pertes de récolte, le vigneron a avancé les vendanges au week-end du 16 septembre, alors qu’elles auraient dû débuter six jours plus tard.

Frédéric Magne, qui travaille en agriculture raisonnée, a pourtant appliqué dès le 20 août du Proclaim, un insecticide à base d’émamectine censé agir sur les larves à l’éclosion des œufs. Mais ce traitement a eu très peu d’effet. Le viticulteur pense avoir perdu 15 % de récolte sur les 5 ha particulièrement touchés par l’eudémis. S’il avait plu, les pertes auraient été bien plus importantes. « On s’en sort bien », concède le vigneron.

Des traitements trop peu efficaces

Marie Malepeyre, directrice technique du Château Castera, 70 ha en culture raisonnée en AOC Médoc, à Saint-Germain-d’Esteuil, a elle aussi frôlé le désastre. Début juillet, la deuxième génération d’eudémis a déclenché une petite alerte. Pas de quoi paniquer. Le nord du Médoc est habitué à la présence du ver de la grappe. Fin juillet, toutefois, l’attaque s’est amplifiée. Cette troisième génération l’a surprise. « Elle a été soudaine, impressionnante, tardive et très violente », indique la viticultrice. Ses 50 ha de merlots sont fortement touchés, ses cabernets sauvignon plus légèrement. À la mi-septembre, Marie Malepeyre ne pouvait pas quantifier ses pertes car les dégâts étaient hétérogènes. « Sur une même parcelle, on peut trouver une perforation sur une grappe, et à l’autre bout de la parcelle quatre perforations sur la grappe, indique-t-elle. Les baies perforées ont complètement séché et sont flétries. Mais il n’y a pas de pourriture. »

Le château avait pourtant protégé ses vignes. Début juillet, afin d’enrayer le développement de la deuxième génération d’eudémis, un traitement à base d’émamectine avait lui aussi été appliqué. Avec un résultat relatif. Début août, un traitement de rattrapage est donc effectué avec la même matière active, sur les 40 ha qui produisent le vin à la plus forte valeur ajoutée. Traitement qui est couplé avec un antibotrytis à base de levure, afin d’éviter l’amorce de la pourriture. « Ces traitements n’ont pas été suffisamment efficaces », déplore Marie Malepeyre. Elle a donc enclenché les vendanges des merlots le 14 septembre, alors que le top départ était prévu pour le lundi suivant. Dans l’affaire, elle estime avoir eu de la chance : la météo a été clémente, la vendange est très belle. Et malgré les pertes liées aux vers de la grappe, elle atteindra le rendement de l’appellation.

Au domaine Thet, en deuxième année de conversion bio, 10 ha à Montlouis-sur-Loire, c’est la pourriture acide qui s’est installée entre la fin août et le début de septembre. 20 % du vignoble est touché. En cause : des attaques de drosophiles. « Les grappes sont touchées au cœur », déplore Dmitry Khlopin, gérant du domaine, le 12 septembre. Dans le but d’aérer les grappes et tenter de stopper la maladie, il a effeuillé une parcelle de 40 ares. Un essai non concluant : la pourriture acide a continué à s’installer. Dmitry Khlopin a donc avancé le début des vendanges au 11 septembre, alors qu’il était prévu le 15. Une équipe de douze vendangeurs a coupé puis éliminé les morceaux de grappes touchées par la pourriture ; un tri qui a provoqué entre 15 et 20 % de perte de rendement.

Quand la pourriture acide s’invite

En Bourgogne aussi, la pourriture acide s’est invitée à la veille des vendanges. C’était à la mi-août. En parcourant ses vignes, Romain Pascault a tout de suite compris : certaines baies de pinot noir avaient pris une couleur un peu rosée. Et surtout présentaient une odeur persistante. « Ça sentait le vinaigre », relate le chef du domaine d’Arlot, 15 ha en bio à Premeaux-Prissey, en Côte-d’Or. Si le chardonnay est épargné, 3 ha de pinot noir sur les 12,5 ha que cultive le domaine sont touchés. « Une des parcelles les plus concernées est à l’intérieur du clos ; elle est peu ventilée », explique le vigneron.

Romain Pascault n’a pas choisi d’avancer la date des vendanges, fixée au 6 septembre en fonction de la maturité. Mais les vendangeurs ont dû enlever et trier tout ce qui était piqué. Par chance, la récolte s’avère généreuse. Du coup, la pourriture acide a un impact limité. « Habituellement, on vise 38 hl/ha, lâche Romain Pascault. On va être au-dessus. On s’en sort bien. » Mais le domaine d’Arlot n’avait pas connu de pourriture acide depuis bien longtemps : la dernière attaque remontait à 2014.

En Touraine, un autre insecte pose problème. « Début août, avant de partir en vacances, j’ai fait un comptage des cicadelles vertes, rapporte Luc Poullain, vigneron à Angé, dans le Loir-et-Cher. Les populations ne justifiaient pas un traitement. Mais à mon retour, à la fin août, j’ai découvert des attaques violentes et nombreuses sur mes jeunes sauvignons, sur mes côts également : le pourtour de leur feuillage était tout grillé. » Il ne s’attendait pas à de tels dégâts. « À l’approche de la récolte, il était trop tard pour traiter, déplore-t-il. Ces attaques ont provoqué un retard de maturation. » Michel Badier, conseiller viticole indépendant dans ce département, confirme que cette année, les cicadelles vertes s’en sont souvent prises au sauvignon alors qu’habituellement, elles attaquent plutôt le côt. « Mais elles ont épargné les vignes traitées au soufre poudre, car ce produit les perturbe ». Dans l’Indre-et-Loire voisine, un autre viticulteur a lui aussi été victime d’une invasion de cicadelles vertes. « Dans une de mes parcelles de côt, il n’y a plus une seule belle feuille. J’ai appliqué plusieurs fois de l’argile, qui dérange ces insectes. Je pense que cela a un peu atténué les dégâts. »

 

Des goûts de punaises

Dans le Bordelais, à la fin de l’été, les populations de punaises étaient très importantes. Dans leur bulletin Info Vendanges Bio de la semaine du 8 septembre, les Vignerons bio d’Aquitaine indiquaient que, par endroits, cela pouvait engendrer des goûts « verts », de type coriandre, dans les moûts de blancs, rosés et rouge. En cause : le trans-2-décénal, une molécule libérée par la punaise stressée. Toutefois, sur les blancs et les rosés, ces odeurs de punaise écrasée ont été gommées en fermentation, ont précisé les Vignerons bios d’Aquitaine dans leur bulletin du 15 septembre. Reste à savoir si elles disparaîtront aussi des rouges.

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