éunis cette mi-novembre en Argentine pour la douzième assemblée générale de « l'ONU du vin », les délégués des 46 Etats membres de l'Organisation Internationale de la Vigne et du Vin ont adopté dix résolutions. 9 d'entre elles concernent les analyses et pratiques vinicoles. L'OIV a notamment adopté un Code de bonnes pratiques de collage des vins* spécifique aux « agents de collage d’origine protéique à potentiel allergénique », soit la caséine du lait et l'albumine du blanc d'œuf. Ce vade-mecum est surtout l'occasion pour les experts de « confirmer qu’aucun résidu d’agents de collage à potentiel allergénique ne peut être détecté ». Un autre code de bonnes pratiques a été entériné, visant à « prévenir ou limiter la contamination par Brettanomyces », la levure d'altération responsable de déviations organoleptiques majeures (arômes de gouache, d'écurie...). S'il est difficile de mesurer l'ampleur des vins phénolés (les châteaux et domaines étant très discrets sur ce mal honteux), l'OIV estime que « la maîtrise de Brettanomyces constitue l’un des aspects importants en matière de vinification ». A Mendoza, les experts ont justement reconnu une pratique curative permettant de réduire les concentrations de phénols volatils (les 4-éthylphénol et 4-éthylgaïacol) : « le traitement des vins [phénolés] par un couplage de technique membranaire et de charbon actif ». Associant nanofiltration et colonne de charbon actif, cette technique novatrice a été développée par le département R&D Inter Rhone, la demande de reconnaissance par l'OIV avait été déposée en 2012 (cliquer ici pour en savoir plus).
Une fois de plus, les méthodes d’analyses des vins étaient au cœur des résolutions de l'OIV, avec l'adoption de trois nouveaux processus :
- dosage des amines biogènes par chromatographie liquide à haute performance « avec détecteur à barrette de photodiodes » ;
- dosage du lysozyme par chromatographie liquide à haute performance en blancs et rouges ;
- dosage du méthanol dans les vins par chromatographie en phase gazeuse (pour des « concentrations comprises entre 50 et 500 mg/L »).
A noter également une modification des modalités d'échantillonnage du CO2 des vins effervescents pour la méthode de détermination du rapport isotopique 13C/12C. Cette assemblée générale a également apporté deux amendements au Codex Œnologique International, avec des monographies sur le traitement des vins au copolymère adsorbant PVI/PVP et l'utilisation du chlorure d’argent passé sur un support inerte.
La dernière des résolutions n'est pas oenologique : elle définit le métier de sommelier.
Comme le rappelait ce 7 octobre la Cour de justice de l’Union Européenne, « les recommandations de l’OIV qui portent sur de nouvelles pratiques œnologiques [et méthodes d’analyse] ont vocation à influencer de manière déterminante le contenu de la réglementation » européenne, ses résolutions ayant valeur de règles de droit.
* : L'OIV annonce que « les textes complets des résolutions adoptées [...] seront consultables très prochainement » sur son site. Pour lire le résumé actuellement disponible de ces résolutions, cliquer ici.
[Illustration : OIV]