menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Commerce/Gestion / Les vendanges espagnoles débutent sur fond d’incertitudes sur les retiraisons et le marché des moûts
Les vendanges espagnoles débutent sur fond d’incertitudes sur les retiraisons et le marché des moûts
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Espagne
Les vendanges espagnoles débutent sur fond d’incertitudes sur les retiraisons et le marché des moûts

Au moment où les vendanges démarrent dans le sud de l'Espagne, de nombreuses questions demeurent quant au potentiel de production et à l’orientation de la future campagne.
Par Sharon Nagel Le 21 juillet 2023
article payant Article réservé aux abonnés Je m'abonne
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
Les vendanges espagnoles débutent sur fond d’incertitudes sur les retiraisons et le marché des moûts
A

vec environ deux semaines d’avance par rapport à l’année dernière en raison des températures élevées enregistrées ces dernières semaines, les premiers coups de sécateur ont été donnés, comme d’habitude, dans la région méridionale de Montilla-Moriles. Les cépages blancs précoces – sauvignon blanc, chardonnay, muscat et verdejo – seront ainsi les premiers à être vendangés en Europe continentale. Cette précocité se retrouve dans de nombreuses régions, atteignant même un niveau inédit dans le principal vignoble espagnol, Castilla-La Mancha.

Si les opérations de vendanges vont bon train, il en est de même pour les pronostics sur le volume de la future récolte. Certains d’entre eux situent la production 2023 à moins de 40 millions d’hectolitres, tandis que d’autres évoquent un niveau pléthorique allant jusqu’à 50 Mhl. Pour David Martin, responsable du bureau espagnol de la société de courtage international Ciatti, la vérité pourrait se situer dans une fourchette entre 39 et 41 Mhl. Certes, l’Espagne a connu des périodes où sécheresse et mercure ont frôlé des niveaux sans précédent, mais des précipitations salvatrices en mai et juin à travers le pays ont redonné l’espoir d’une production totale (vins et moûts) qui pourrait avoisiner celle de 2022 (39,5 Mhl).

Effet limité des mesures de régulation  

Certains cépages ont souffert plus que d’autres de la sécheresse, et des orages de grêle ont causé des dégâts localisés, mais globalement ces conditions auront peu d’incidence sur le volume final, estime le courtier espagnol. Idem pour les mesures prises dans certaines régions pour tenter de réduire les volumes : « La vendange en vert a sans doute aidé les zones concernées, mais son impact global reste limité. Quant à la distillation de crise, elle portait surtout sur les régions septentrionales et impliquait des volumes somme toute faibles. Pour donner un ordre de grandeur, elle a concerné quelque 9 millions de litres. Or, l’une des distilleries avec laquelle je travaille et qui élabore des brandies achète à elle seule environ 120 millions de litres ». Le simple fait que le plan de distillation espagnol n’a concerné que peu de régions et de faibles volumes souligne à quel point la filière espagnole ne s’inquiète pas, pour l’heure, des disponibilités futures.

Période oblige, le marché est plutôt calme, mais certaines pratiques inquiètent David Martin : « Beaucoup de contrats ont été signés mais les retiraisons ne se font pas au rythme où elles devraient se faire. De plus, les entreprises commencent à reprendre les négociations sur les contrats existants, allongeant la durée et cherchant à renégocier les prix. Je pense que cette tendance est à attribuer au marché international : si vous avez déjà retiré un demi-million de litres pour un client, qu’il soit Tesco, Asda ou Costco, et qu’il ne prend pas vos bouteilles, que faîtes-vous ? Actuellement, on ne voit pas de nouveaux contrats. Les opérateurs essaient simplement de finir l’année de la meilleure façon possible et s’ils ont besoin de vins, ils achètent de petits volumes puis ils reviennent le mois suivant. Aucun opérateur ne conclut de gros contrats, les opportunités ne sont pas au rendez-vous ». Le faible rythme des retiraisons pourrait encourager les acheteurs à s’orienter vers les vins issus de la nouvelle récolte, au détriment de la production 2022. « C’est en effet l’une des plus grosses inquiétudes à l’heure actuelle », confirme David Martin. « A fortiori lorsqu’on sait que les vins de 2022 étaient un peu plus fragiles que les autres années. On va généraliser les vendanges des cépages internationaux vers la première quinzaine d’août et même si les acheteurs ne s’orientent pas vers les vins de 2023, ils vont a minima obliger les caves à « rafraîchir » les 2022 ».

Difficultés sur le marché des moûts

Quant aux orientations tarifaires, ce n’est pas uniquement le volume de la récolte qui va influer sur les prix. La consommation nationale est passée à 9,7 Mhl, contre 11-11,5 Mhl suite au Covid, et les exportations devraient régresser cette année. « Elles totalisent actuellement 15,5 Mhl et si elles continuent sur ce rythme, elles atteindront environ 20-21 Mhl d’ici la fin de l’année, légèrement en-deçà de la moyenne des cinq dernières années. Cela aura forcément un impact sur les stocks et les prix, de la même façon que la baisse de la consommation nationale pousse toujours les valorisations vers le bas ». Enfin, dernière grande source d’inquiétude, les importants problèmes financiers rencontrés par un poids lourd du secteur des moûts concentrés, Mostos Españoles, liés à une mauvaise gestion. Accablé de dettes, qui se chiffrent aux alentours de 25 millions d’euros, l’ancien fleuron des moûts concentrés espagnols avec des clients comme Coca Cola, Pepsi & Co, Nestlé et Dia, achetaient pour 1,5 à 2 millions d’hectolitres de jus. « Les grosses caves, notamment les coopératives, ne transforment pas tous les raisins en vin, et destinent environ 20% aux moûts. Si elles doivent désormais les transformer en vins blancs, cela aura un impact sur le marché ».

Toujours est-il que, globalement, le courtier espagnol prévoit une campagne semblable à celle de 2022-2023, à condition que la récolte ne soit pas trop abondante. Ou bien, que la France et l’Italie connaissent de petites récoltes. « Les petites récoltes en Espagne sont toujours plus difficiles à gérer que les grosses parce qu’en cas de faibles volumes, les acheteurs français s’orientent vers l’Afrique du Sud et les Allemands vers l’Italie, par exemple. Le meilleur résultat pour la filière espagnole serait de récolter de bons volumes aux positionnements prix que nous connaissons à l’heure actuelle ».

 

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Soyez le premier à commenter
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous

Pas encore de commentaire à cet article.
vitijob.com, emploi vigne et vin
Gironde - CDD Château de La Rivière
Vaucluse - CDI PUISSANCE CAP
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Commerce/Gestion
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé