voquant, en préambule, la situation économique actuelle caractérisée par l’inflation des coûts et « l’apparente chute structurelle de la consommation de certains types de vin », et notamment « les vins rouges et rosés provenant de certaines régions de France, d’Espagne et du Portugal », le ministère espagnol de l’Agriculture valide la mise en œuvre de la distillation de crise. En guise de justification supplémentaire de la mesure, il cite « les diminutions apparentes de la consommation pour la campagne en cours estimées à 7% en Italie, à 10% en Espagne, à 15% en France, à 22% en Allemagne et à 34% au Portugal ». Mais aussi, « les exportations de vins de l’UE pour la période de janvier à avril 2023, inférieures de 8,5% à celles de l’an dernier », qui se conjuguent à « l’augmentation de 4% de la production de l’UE pour la campagne en cours par rapport à l’année précédente et au niveau élevé des stocks initiaux (+2% comparés à la moyenne quinquennale) ».
Au niveau espagnol, deux régions ont fait une demande pour accéder à des fonds nationaux et européens afin de distiller leurs excédents : la Catalogne et l’Estrémadure. Un budget d’un million d’euros est prévu dans le premier cas, contre 1 299 990 € dans le deuxième. Ces fonds serviront à retirer 16 666,67 hectolitres et 43 333 hl respectivement. Cela dans le but « d’éviter que les perturbations actuelles se transforment en perturbation plus grave et prolongée pour l’ensemble du secteur ». Le projet de règlement prévoit que les communautés autonomes auront une marge de manœuvre pour appliquer la mesure « de la manière la plus appropriée en fonction de sa situation », sachant que le montant de l’aide « ne pourra pas être supérieure à 80% du prix moyen mensuel le plus bas enregistré au niveau de la production sur la campagne de commercialisation 2022-2023 pour chaque type de vin éligible à la mesure ». Chaque communauté autonome pourra définir les bénéficiaires prioritaires.
Deux autres régions, à savoir la Rioja et le Pays Basque, ont fait le choix de financer la distillation de crise sur leurs fonds propres. Dans le cas de la Rioja, un budget de 15 millions € avait été annoncé précédemment par le gouvernement local. Dans le même temps, la Rioja va également procéder à la vendange en vert début juillet sur une superficie d’ores et déjà autorisée de 985 hectares pour un financement de 3,7 millions €. De cette façon, un volume estimé à 48 469 hl pourra être retiré du marché. Enfin, le ministère espagnol de l’Agriculture vient d’annoncer d’autres mesures de soutien au secteur vitivinicole : les vignerons n’ayant pas exécuté leurs autorisations de plantation pour cause de sécheresse ne seront pas sanctionnés, et des budgets pour la restructuration et la reconversion du vignoble ont été annoncés ce 19 juin dans le cadre de la Conférence sectorielle de l’Agriculture. Ainsi, la région de Castille-La Manche se voit attribuer un montant d’aide le plus important de son histoire, à savoir 43 M€, soit 53% du total distribué en 2024 en Espagne. Pour 2025, l’aide passera à près de 25 M€, sur un total national de 36 M€ et un budget global sur deux ans de quelque 117 M€.