lors que les vignobles du Sud-Ouest ressemblent à un bouillon de culture où se multiplie le mildiou (à Bergerac et Bordeaux, en Gascogne…) Joël Boueilh, le président des Vignerons Coopérateurs de France, vient de rencontrer Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, ce 18 juillet à Paris pour porter les demandes d’aides de la filière. À commencer par la reconnaissance du mildiou comme aléas climatique, découlant d’un excès d’eau, par les assureurs. Un statut qui permettrait de déclencher l’assurance multirisque climatique pour les pertes de récolte en découlant. Face à la succession de vagues de précipitation et de contamination, la demande est fondée pour Joël Boueilh, qui en veut pour preuve les trombes d’eau tombées sur le Gers. Comme ce 20 juin, avec des pluies pendant six jours consécutifs : « le septième il n’a pas plu et dès le huitième il y a eu des contaminations de mildiou venant du premier jour de pluie. Pour qu’un assureur ne reconnaisse pas l’excès d’eau, qu’il m’explique comment faire pour traiter quand il pleut six jours sur sept, qu’il n’y a qu’un seul jour sans pluie, alors que les sols sont détrempés. C’est une pression dingue. On a tous les éléments pour plaider la cause » note le co-président de l'interprofession des vins du Sud-Ouest (IVSO).
Sollicité, Marc Fesneau a assuré Joël Boueilh de son soutien auprès des assureurs, en évoquant une demande lui semblant légitime. Le président des vignerons coopérateurs pointe une possible différence de traitement des pertes de récolte entre les non-assurés, où la demande se fait à la préfecture au-delà de 50 % de dégâts (via le volet de solidarité nationale contre les coups durs), et les assurés, où la décision de prise en charge par l’assureur conditionne la prise en charge par la collectivité.


Malgré la mobilisation vigneronne, « tous les jours, on voit du potentiel de production disparaître » rapporte Joël Boueilh, confirmant que les dégâts sur grappes sont généralisés dans le Sud-Ouest, particulièrement sur le merlot. « Ça entraîne de la désespérance, du ras-le-bol… Les tensions se cristallisent. C’est difficile pour tous » indique le viticulteur de Saint-Germé (Gers). Tournent en boucle les reproches sur la perte de phytos anti-mildiou (par l’interdiction ou l’évolution des pratiques). « C’est sûr, les réductions de l’efficacité et de la disponibilité des matières actives jouent. Le vignoble est engagé dans un processus pour être plus vertueux dans son usage des phytos. C’est une tendance de fond, on ne va pas repartir en arrière » analyse Joël Boueilh, qui demande un accompagnement progressif, sans brûler d’étapes (comme l’imagine actuellement ce règlement européen).
Alors que la certification Haute Valeur Environnementale (HVE) impose des contraintes sur la fertilisation et les Indices de Fréquence de Traitement (IFT), « il faudrait tenir compte des années particulières pour s’adapter aux conditions spécifiques, comme le coup dur qui existe dans la Politique Agricole Commune (PAC) » esquisse également Joël Boueilh.