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La distillation des vins français n’a pas (encore) l’air prioritaire pour la réserve de crise européenne
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En direct de Bruxelles
La distillation des vins français n’a pas (encore) l’air prioritaire pour la réserve de crise européenne

Si Bruxelles propose un déblocage de la réserve de crise aux filières agricoles en difficultés, le vignoble français est loin d’être assuré de bénéficier des 40 millions € réclamés depuis des mois pour distiller ses excédents.
Par AA Le 31 mai 2023
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La distillation des vins français n’a pas (encore) l’air prioritaire pour la réserve de crise européenne
« Nous devons évidemment agir dans l’urgence : ce sont des besoins urgents » pose Janusz Wojcichowski (ici lors d’une réunion de la Commission Européenne le 25 mai). - crédit photo : © European Union, 2023
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essage reçu. Depuis Bruxelles, la Commission Européenne affirme avoir bien conscience de l’impact concret de l’invasion russe de l’Ukraine sur les activités agricoles : de l’explosion des coûts de production aux revers commerciaux sur les marchés chamboulés par l’inflation. « Nous sommes confrontés à une sorte de crise globale dans l’Union Européenne, avec des intensités plus ou moins fortes, mais partout » pose Janusz Wojcichowski, le commissaire européen pour l’Agriculture lors d’une conférence de presse ayant suivi le conseil des ministres de l’Agriculture, ce 30 mai. Pour aider les filières en difficulté, le commissaire européen propose l’usage des fonds non encore fléchés de la réserve agricole.

S’élevant chaque année à 450 millions d’euros, ce fonds a déjà dépensé 100 millions €, avec 44 millions € face à la grippe aviaire (pour l’Italie et la Pologne) et 56 millions € pour les pays affectés par les importations sans droits de douane des céréales ukrainiennes (Bulgarie, Pologne et Roumanie). Comme la Commission demande aux États Membres d’en dépenser 100 millions € en aide aux 5 pays frontaliers de l’Ukraine touchés par les importations de céréales ukrainiennes sans taxes (Bulgarie, Hongrie, Pologne, Roumanie et Slovaquie), il reste 250 millions € pour aider les filières des 22 autres pays européens.

Différents types de crises

De quoi répondre à la demande française d’une rallonge budgétaire de 40 millions € pour achever de financer la distillation de crise de 3 millions d’hectolitres de vins excédentaires ? En tout cas, Janusz Wojcichowski n’a pas encore bien en tête cette demande. Lors de sa conférence de presse, il indique en effet « que l’on pourrait distribuer ces [250 millions € aux 22] autres états membres affectés par différents types de crises : d’abord la sécheresse en Espagne et au Portugal, les inondations en Italie, certains problèmes dans certains secteurs des pays baltes, on a parlé aussi de situations difficiles pour des producteurs de pommes en Belgique… »

Touche pas au grisbi ?

Attendant toujours le feu vert de Bruxelles, la demande de distillation de crise de la France n’aurait donc pas marqué le commissaire européen. Même si elle est partagée par l’Espagne et le Portugal. Si la crise des vins rouges a bien été évoqué en conseil, comme l’indique le compte rendu officiel, les priorités étaient le sujet ukrainien et le dossier de la sécheresse. Comme en témoigne l’intervention en séance publique du ministre français de l’Agriculture, Marc Fesneau, se focalisant sur le manque d’eau, « un thème qui sera de plus en plus évoqué dans cette enceinte » et qui va appeler à des « solutions d’urgence » comme l’idée en « zone pyrénéenne » particulièrement aride de « mobiliser des fonds de réserve ». La multiplicité des crises agricoles risque de rendre difficile le fléchage de 40 millions € vers les seuls vins français : soit 16 % des 250 millions € à partager en 22 pays et bien plus de secteurs dans une mauvaise passe.

Reste la parole ministérielle, Marc Fesneau annonçant depuis février dernier se mobiliser pour obtenir cette rallonge budgétaire auprès de Bruxelles. Où l’on souhaite justement aller vite sur l’utilisation de la réserve de crise (ce saupoudrage des 250 millions € permettant d’aplanir des oppositions politiques). « Nous devons évidemment agir dans l’urgence : ce sont des besoins urgents. Normalement, en juin les décisions seront prises et les fonds seront mis à disposition des agriculteurs. Mais c’est aux états membres ensuite de décider, d’identifier personnes à qui bénéficiera soutien selon situation de crise » explique en conférence de presse Janusz Wojcichowski, précisant que pour l’instant, « la méthodologie n’a pas encore été définie ». Reste un principe, et une opportunité pour les vins français, particulièrement impatients.

 

 

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Tous les commentaires (2)
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Albert Le 01 juin 2023 à 07:43:15
Tant qu'il n'y aura pas de décision actée et donc de visibilité sur le calendrier (et du montant de la mane UE) à mettre en ?uvre, l'idée d'avancer des fonds ne tient pas, car la Commission va rendre l'EM responsable compablement de l'utilisation de l'enveloppe UE dédiée. Et n'oublions pas que le dispositif doit être parfaitement calé avec les distillateurs puisque ce sont eux qui seront "aidés".
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Vigneron Le 31 mai 2023 à 09:39:48
Le syndicat agricole de Bordeaux qui a opté pour la distillation de crise pour sauver les vignerons, faute de trouver d'autres moyens, ne pourrait-il pas avancer des fonds aux vignerons bordelais ?
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