À deux lettres de l’aptonyme, Fabrice Sommier vient d’être élu à la présidence de l’Union de la Sommellerie Française (UDSF). Succédant à Philippe Faure-Brac (qui a atteint la limite de deux mandats), l’ancien secrétaire général et directeur technique des concours de l’UDSF connaît bien l’institution et souhaite la faire évoluer pour attirer de nouveaux adhérents : « il faut coller au plus proche du métier » souligne-t-il. Réunissant aujourd’hui 1 280 adhérents sur une population de sommeliers « au moins deux fois plus importantes en France », l’UDSF a de la marge de progression souligne son nouveau président. Qui se fixe comme feuille de route d’apporter des services à ses membres, de restructurer l’association et de valoriser le métier de sommelier (notamment avec une meilleure préparation au concours du meilleur sommelier du monde, voir encadré).
« Le sommelier a un devoir de formation : de lui-même tout au long de sa carrière et des clients en leur amenant de la connaissance » estime Fabrice Sommier. Regrettant que des sommeliers puissent critiquer, voire refuser, les choix de certains consommateurs (comme des glaçons dans un verre de vin rosé), le meilleur ouvrier de France 2007 est clair : « le client final boit le vin comme il le veut. Nous ne sommes pas là pour donner des leçons, avoir un côté pédant. » Idem avec les producteurs : « ce n’est pas le même métier. Un sommelier n’est pas un Å“nologue. Certains sommeliers ont tendance à l’oublier et à donner des leçons de vinifications aux vignerons. C’est une erreur : le sommelier a pour métier de mettre en lumière le travail du vigneron. Il faut avoir le respect du vigneron. Il faut être humainement à l’écoute. » Il faut dire que Fabrice Sommier connaît la difficulté de la production viticole pour avoir géré de 2015 à 2021 le domaine d’Azenay (17 hectares dans le Mâconnais appartenant au chef Georges Blanc).


En lien depuis l’enfance avec le vin, Fabrice Sommier se souvient de son grand-père polyculteur qui lui faisait goûter ses barriques de cépages interdits (Noah, Othello…). « C’est un peu le déclencheur » se souvient-il, ayant également pris jeune la passion de la restauration grâce à « mon grand-oncle qui nous emmenait souvent dans les restaurants de campagne où j’étais impressionné par le ballet des serveurs. J’ai la passion pour tout ce qui touche au service. Je vis des moments de de pur bonheur avec la restauration. » Après 21 ans chez Georges Blanc, jusqu’à assurer la direction générale de ses restaurants, Fabrice Sommier a lancé une offre de formations, la Wine School (à Mâcon), en parallèle de ses activités de consultant (pour les vins et spiritueux, mais aussi cafés, eaux minérales, jus de fruits, thés…).
Après avoir accueilli la finale du concours du Meilleur Sommelier du Monde ce début 2023, l’UDSF va travailler à la refonte de son programme de soutien et de formation de ses candidats au graal de la sommellerie. Dont le dernier lauréat français remonte à l’an 2000, avec Olivier Poussier (celui obtenu en 2010 par le défunt Gérard Basset l’ayant été sous le drapeau de la Grande Bretagne). Souhaitant mettre plus de moyens, Fabrice Sommier veut proposer aux candidats un outil plus professionnel : « un véritable accompagnement pour ne pas les laisser livrés à eux-mêmes ». Une stratégie suivie par d’autres fédérations de sommellerie dans le monde.
Les prochains concours de l’UDSF seront l’épreuve de meilleur jeune sommelier de France en juin prochain en Corse, puis le Master of Port en novembre et le concours du meilleur jeune sommelier de France en 2024.