Il existe encore peu de boissons sans alcool issues de vins, et toutes ne sont pas de grande qualité. Mais le marché va évoluer, avec des produits plus qualitatifs, car la demande est là ». Baptiste Brossard-Kimmel présente une détermination aussi assurée que sa stratégie entrepreneuriale. Ce trentenaire vivant en Ile-de-France, ingénieur spécialiste en management, s’est lancé avec quatre associés dans une start-up de cuvées de Loire désalcoolisés, Vins Bécat, basée à Contres (Loir-et-Cher).
« Certains d’entre-nous travaillent déjà dans la filière vin et nous avons un salarié en formation par alternance à l’ESA d’Angers. Nous avons commencé à travailler notre projet début 2022, avec l’accompagnement d’Anne Buchet, responsable du pôle vin à la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher et d’un conseiller de cet organisme », explique Baptiste Brossard-Kimmel.
Pour le gérant, le Val de Loire se prête particulièrement bien aux « vins » désalcoolisés : « les vins n’y sont pas trop riches en alcool, et les vignerons y sont plus ouverts d’esprit. Notre but est aussi de développer une activité de prestation en désalcoolisation pour des vignerons désireux de compléter leur gamme avec des cuvées sans alcool. Certains, en Loir-et-Cher et dans le Muscadet, sont prêts à tenter l’expérience ».
Les jeunes associés ont dès le départ la volonté de choisir une technologie « la plus respectueuse du vin de départ » pour produire leurs cuvées sans alcool, en ciblant « les amateurs de vins ». « Nous avons opté pour l’évaporation sous vide, qui préserve au mieux les arômes et la texture des vins », indique Baptiste Brossard-Kimmel. L’équipe des vins Bécat travaille pour le moment avec un prestataire en désalcoolisation basé en Espagne.
Les jeunes associés ont lancé en début d’année la commercialisation de leur première cuvée, « Sarment O », titrant environ 0,5° alcool. « Nous en avons produit 4 000 cols. Elle est issue d’un chenin de Montlouis, que nous avons enrichi après désalcoolisation en MCR et que nous stabilisons avec du SO2 et de l’acide sorbique, précise Baptiste Brossard-Kimmel. Nous avons décroché des référencements chez un caviste à Paris, où elle est proposée à 16,50 €, et sur des sites de vente par internet, à 12 €. Les ventes démarrent bien. Nous commençons aussi à travailler avec un agent, pour développer les ventes en restauration et cavistes ».
Soutenus par la BPI, le Conseil départemental du Loir-et-Cher et le Crédit Agricole, les jeunes entrepreneurs des Vins Bécat visent une production de 20 000 cols cette année. Ils comptent lancer bientôt une deuxième cuvée, un rosé sans alcool, à base de gamay, pinot noir, grolleau ou cabernet du Val de Loire.