our les vins, spiritueux et boissons prêtes à consommer, qu’ils soient désalcoolisés ou élaborés directement sans alcool, l’abréviation NA pour « no alcool » est entrée dans le langage courant aux Etats-Unis. Leur présence au salon Vinexpo de New York était visible, facilitée par la section réservée aux jeunes entreprises, puisque la majorité de celles qui s’intéressent au sujet ont été créées il a moins de trois ans. A l’exception du français « Le Petit Béret » créé dès 2013 par le meilleur sommelier de France 2004 Dominique Laporte, qui avait invité sur son stand un mixologue pour réaliser des cocktails à partir de ses spiritueux NA.
Pas de contrainte réglementaire pour les sans alcool
Plusieurs exposants ont mis en avant quelques vins à alcool réduit ou sans alcool, dont l’Africain du Sud Perdeberg Cellar avec son chenin blanc à 8,5° ou Fabien Revol (domaine Brau en Ardèche) qui « se positionne comme vigneron qui désalcoolise avec un prolongement de l’esprit du vin ». Ce dernier pense que « la fermentation apporte un caractère qui fait défaut aux produits à base de moût ». Il a trouvé un distributeur qui s’importe lui-même, puisqu’il n’y a pas de règlementation pour les produits non-alcoolisés. Un point crucial qui permet une accélération commerciale très rapide.
Une diversification pour les producteurs
Plusieurs stands présentaient exclusivement des sans alcool, comme Surely. « Nous sommes dans notre 3è année et pour l’instant uniquement distribués dans le circuit alimentaire, nous souhaitons entrer dans le monde du vin. Les grands sommeliers recherchent nos produits » explique Brenda Godinez, responsable marketing. Egalement présent, Zero Proof, importateur, distributeur et grossiste en ligne basé en Georgie qui fait son premier salon pour trouver des clients, mais surtout pour échanger. Pour son créateur Sean Goldsmith : « Le commerce de détail et en ligne grimpe, la vente via les grossistes va croitre ». Le plus convaincu de l’avenir des NA est sans aucun doute Nick Bodkins, déjà à la tête de 11 magasins sous l’enseigne Boisson, dont 6 à New York. Invité à présenter une conférence par Vinexpo, il affirme clairement que les NA permettent de « rester maître de soi et d’éviter les effets de l’alcool dans le cadre d’un art de vivre sain ». Pour l’instant Boisson est 50% en ligne, 50% détail, mais il ambitionne de passer à 30/30/30 avant la fin de l’année en ajoutant la distribution. Il fait remarquer que ses clients sont à 90 % des consommateurs d’alcool, mais surtout de grands vins. Préoccupés par leur forme physique et leur capacité de travail, ils préfèrent un sans alcool de qualité à un vin ordinaire pour les jours où ils ne sortent pas les grands flacons. Il voit aussi les sans alcool comme une formidable occasion de se diversifier pour les vignerons en difficulté.
Lors des dernières éditions de Vinexpo aux Etats-Unis, on avait été frappé par la montée en puissance des hard-seltzers, ces eaux gazeuses aromatisées aux fruits titrant 4 à 6 degrés. Il semble que les NA les aient remplacés. Des NA qui se présentent comme complémentaires des vins traditionnels.
Nick Bodkins, créateur de Boisson affirme ses convictions, les sans alcool vont s'ajouter à la consommation de vin, pas se substituer, lors de sa conférence à Vinexpo America Drinks.