u rififi au Conseil des Vins du Médoc (CVM). Jean-Pierre Foubet vient de démissionner de la présidence de l’instance de promotion réunissant les 8 appellations et 6 Organismes de Défense et de Gestion (ODG) du Médoc (AOC Médoc/Haut-Médoc/Listrac-Médoc, Moulis, Saint-Julien, Saint-Estèphe, Margaux et Pauillac). Officiellement annoncée cette semaine, la démission surprise trouve son déclencheur dans une rencontre annulée d’autorité par Jean-Pierre Foubet ce début janvier entre la directrice du CVM, Carole Vidal, le président de l’ODG Médoc/Haut-Médoc/Listrac-Médoc, Claude Gaudin, et deux vignerons en ayant fait la demande : Rémi Lacombe (vignobles Lacombe à Saint-Christoly) et Rémy Fauchey (château l’Inclassable à Blaignan-Prignac).
Souhaitant partager des idées pour redresser la valorisation des vins rouges du Médoc, les deux vignerons ont reçu une fin de non-recevoir de Jean-Pierre Foubet, leur indiquant que la procédure normale serait de solliciter les administrateurs du CMV pour pouvoir étudier une présentation à son Conseil d’Administration et non auprès de sa directrice. Cette réponse a causé une levée de boucliers parmi des administrateurs, notamment de l’ODG Médoc/Haut-Médoc/Listrac-Médoc (dont sont issus les deux vignerons et qui représente les deux-tiers du budget du CVM). Face au tollé suscité, Jean-Pierre Foubet annonce sa démission de la présidence du CVM. Il préside l’ODG Moulis et dirige les châteaux de Camensac (grand cru classé en 1855 en appellation Haut-Médoc) et Chasse-Spleen (AOC Moulis, historiquement cru bourgeois exceptionnel).


Contacté, Jean-Pierre Foubet n’a pas souhaité commenter. « C’est une personne qui raisonne grands crus : je ne le connais pas, je ne l’ai jamais vu, je ne lui ai jamais parlé et je n’ai rien contre lui » indique pour sa part le vigneron Rémi Lacombe, par ailleurs en procédure avec deux négociants pour les bas prix du vin en vrac. Ayant ressenti le message d’annulation comme une injustice (voir encadré), le vigneron Rémy Fauchey a demandé sa démission à Jean-Pierre Foubet et déclare que « ce n’est pas parce que l’on est riche et en haut de l’échelle que l’on doit rabaisser les sans-grades. On n’est pas grand, mais on se tient droit. C’est du mépris. On pourrait dire une forme de lutte des classes dans le Médoc entre sans-grades et grands crus classés. »
Parmi les membres du CVM, c’est encore l’expectative : « nous n’avons pour l’instant reçu qu’un mail d’annonce de démission » indique un représentant de communale, voyant dans le rendez-vous annulé « un non-évènement monté en épingle : d’autres choses sont sous-jacentes. Notre problème est l’empilement d’organisations : Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB), Fédération des Grands Vins de Bordeaux (FGVB), CVM, ODG… C’est un millefeuille. Plus personne ne sait où il habite et a tendance à vouloir faire soi-même sa communication pour ne pas être noyé dans la masse*. Le problème est plutôt là. » Clairement, il n’y a pas les même attentes et besoins entre AOC communales et sous-régionales. De quoi amener à des évolutions des missions et participants du CVM ? « Il n’y a pas de tensions, mais des discussions. Des velléités de fonctionnement différent n’ont pas abouti. Nous devons nous réunir et avancer » conclut le représentant d’AOC sous-régionales.
Fondé en 1967, le CVM soutient la promotion en France et à l’export des 8 AOC du Médoc. Ses quatre salariés pilotent un budget de 928 000 € en 2023 (-20 % par rapport à 2022), avec 368 000 € de budget CVM (avec une cotisation des producteurs du Médoc avoisinant un euro par hectolitre), 303 000 € de subvention CIVB et 257 000 € de subventions européennes (fonds OCM). Les opérations du CVM vont de la promotion sur les points de vente à l’organisation d’évènements à destination des professionnels, consommateurs et influenceurs en France (formations, réseaux sociaux, voyages d’influenceurs…) et à l’export (Chine, Hong-Kong, USA, Canada, Japon, Grande-Bretagne, Suisse, Allemagne et Belgique en 2022).
* : L'ODG Médoc s'est ainsi dotée d'une cellule de communication, avec une cotisation spédcifique, pour assurer sa promotion en France.
Dans le message envoyé le 2 janvier, Jean-Pierre Foubet "trouve surprenant cette prise de rendez-vous sans en préciser l'objet" alors que c'est auprès d'élus au conseil d'administration "que [pouvez] exposer vos idées et [ce sont] eux qui détermineront de les évoquer afin de les inscrire aux objets du jour du conseil".