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Ce vigneron attaque 2 négociants pour l’achat de vin en vrac "à prix abusivement bas"
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Médoc
Ce vigneron attaque 2 négociants pour l’achat de vin en vrac "à prix abusivement bas"

Ayant vendu 1 200 euros des tonneaux de Médoc quand leurs prix de revient dépassent 2 000 €, le vigneron Rémi Lacombe demande 1,1 million € de dédommagement aux deux maisons de négoce lui ayant proposé ces prix.
Par Alexandre Abellan Le 15 décembre 2022
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Ce vigneron attaque 2 négociants pour l’achat de vin en vrac
« On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Il m’appartient en tant que chef d’entreprise de me défendre contre ce que l’on m’impose » indique Rémi Lacombe. - crédit photo : DR
C

’est une action inédite pour les vins de Bordeaux : l’assignation de deux négociants de poids* devant le tribunal de Commerce de Bordeaux pour des prix d’achat de vin en vrac jugés trop bas par leur fournisseur, le vigneron médocain Rémi Lacombe. Propriétaire de 138 hectares de vigne à Civrac (notamment le château Bessan-Ségur), le vigneron revendique une « action d’utilité publique pour le partage de la valeur ajoutée dans la filière ». Révélée par Jacques Dupont dans Le Point, cette « action en responsabilité » s’appuie pour maître Louis Lacamp, l’avocat de Rémi Lacombe, sur l’article L. 442-7 du Code de Commerce, qui sanctionne « le fait pour un acheteur de produits agricoles ou de denrées alimentaires de faire pratiquer par son fournisseur un prix de cession abusivement bas ».

Se basant sur des factures allant de juin 2021 à juillet 2022, les vignobles de Rémi Lacombe ont vendu des vins à des prix allant de 1 150 à 1 200 € le tonneau sur les millésimes 2019, 2020 et 2021, alors que les prix de revient de l’AOC Médoc s’élèvent à 2 000 €/tonneau pour les millésimes 2019 et 2020, et même 2 500 € pour le millésime 2021 d’après les dernières données du Centre de Gestion Agricole et Rural d'Aquitaine (CEGARA). Définissant un juste cours à 10 % au-dessus du prix de revient, Louis Lacamp demande des dédommagements de 574 000 € au premier négociant et de 536 000 € au deuxième. « Le fondement juridique est simple : il est interdit d’acheter à un prix abusivement bas » résume l’avocat, qui note que cette réglementation, issue de la loi Egalim en 2019, n’a encore jamais été appliquée.

À force de dire non au courtier, c’est le banquier qui appelle

Face aux principes de la loi du marché équilibrant l’offre et la demande par des prix consentis de part et d’autre, Rémi Lacombe est catégorique : « il est interdit de faire pratiquer à son fournisseur des prix abusivement bas ». Recevant des offres à prendre ou à laisser, parmi les vignerons « il y en a toujours un qui craque : à force de dire non au courtier, c’est le banquier qui appelle » souligne Rémi Lacombe. « Je ne veux pas faire du vin du Médoc » ajoute-t-il, s’indignant que « le négoce achète à perte et vende sans marge, ce qui porte préjudice à l’image de l’appellation, [pour vendre des volumes à bas prix donnant accès à d’autres marchés]. Nous sommes un produit d’appel par le bas, à l’inverse des allocations de grands crus qui sont des produits d’appel par le haut… »

Si son avocat souligne qu’il faut être courageux pour agir contre ses acheteurs, le vigneron ajoute qu’« il ne pas oublier que la rupture brutale d’approvisionnement existe aussi et se sanctionne aussi… » Alors que les cours des vins de Bordeaux restent bas (du moins d’après les dernières cotations officielles, désormais suspendues), cette action pourrait inspirer d’autres opérateurs. C’est du moins le souhait de Rémi Lacombe, qui espère « ouvrir des itinéraires d’espoirs et rappeler que l’on peut toujours prendre son propre destin en main. Ce sera merveilleux si ça fait jurisprudence… »

 

* : Rémi Lacombe et son avocat ne souhaitent pas communiquer les noms des deux négoces, ne souhaitant pas cibler des entreprises en particulier, mais s’attaquer à un système de dévalorisation.

 

 

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Tous les commentaires (13)
Rol Le 04 janvier 2023 à 08:51:21
Juridiquement ridicule !!
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Eric Jallas Le 04 janvier 2023 à 08:41:20
Je suis étonné par les couts de production indiqués dans votre article, 2500? en 2021 de cout pour un Tonneau (900 litres), soit un cout de plus de 2,75?/litre, ce qui me semble particulièrement élevé pour un simple Medoc. Certes, en 2021, les rendements ont été plus faibles, pour autant ne faut-il pas s'interroger sur certain nombre de contraintes/règles de production édictées sur la base d'un climat qui n'est plus à l'ordre du jour ?
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lepaleocapridé Le 19 décembre 2022 à 09:31:30
En réponse à vigneron, art 1142 c civ appliqué à la notion de violence économique
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Vigneron Le 19 décembre 2022 à 08:55:05
@lepaleocapridé "Vicié par l'état de nécessité" C'est intéressant, c'est quel article de loi ? Les négociants peuvent profiter de la situation. Pour rejoindre "Fab bio" les prix enregistrés vont encombrer le marché et donner raison aux négoces qui vont enregistrer ces prix bas dans leur moyenne pour le faire appliquer à d'autres vignerons. Certainement d'autres vignerons ont subi le même sort, et il serait judicieux à mon sens de faire une action collective pour mettre fin à ce cercle vicieux.
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lepaleocapridé Le 18 décembre 2022 à 12:30:52
les noms des assignés sont dans sud ouest..
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lepaleocapridé Le 17 décembre 2022 à 20:51:08
Mais le vrai pb de fond est que dans le cadre de la Loi EGAlim II,La sénatrice de la Marne Françoise Férat a obtenu l'exclusion des vins et spiritueux
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lepaleocapridé Le 17 décembre 2022 à 16:13:51
ET petite parenthèse, qui est chargé de surveiller et empêcher ce type de pratiques non vertueuses??
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lepaleocapridé Le 17 décembre 2022 à 16:07:47
à opposer au fait qe la vente a été acceptée, n'a t elle pas été viciée par l'état de nécessité, notion juridique passionnante Bravo de penser à appliquer la loi
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Jemsio Le 16 décembre 2022 à 07:53:33
Fab bio ne semble pas prendre en compte le fait que le client puisse être acculé et dans l?obligation de vendre sous peine de disparaître à jamais. Je lui souhaite de ne jamais se retrouver dans une telle situation . C?est peut être là raison d?être de la loi Egalim
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Vigneron Le 15 décembre 2022 à 09:50:10
Hâte de connaître l'avis de la justice! Ce qui est compliqué est que le vigneron a accepté la transaction de son plein grès. Je ne pense pas qu'il est vendu à perte, mais que le prix soit "abusivement" bas. Le cours est lié à l'offre à la demande. Il ne faut pas oublier au sens économique que si les consommateurs sont prêts à payer plus cher, les négociants peuvent acheter plus cher. Il y a aussi des vins réputés pour leur qualité qui se vendent au-dessus de la moyenne.
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SEB33 Le 15 décembre 2022 à 09:04:21
Bonjour, Cette démarche est certes en retard mais elle est courageuse !!! Il est vrai qu'avec la Loi Egalim on ne peu pas vendre en dessous des coût de productions. Cette affaire s'il elle est juger positive pour le vigneron pourrait remettre en place les outils régulateurs de ventes au négoce. Bravo à lui et a son courage.
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Fab bio Le 15 décembre 2022 à 07:03:10
Etant vigneron, je trouve un peu facile de contester le prix une fois la vente faite et les vins payés. Il fallait se réveiller plus tôt et refuser les ventes. De plus, les volumes vendus sont venus encombrer le March vrac et les prix ont été enregistré et sont entrés dans une moyenne servant de prix de base pour d'autres vignerons qui eux n'ont pas les moyens ou la volonté d'intenter une action en justice.
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ramjpr Le 15 décembre 2022 à 06:25:11
bravo continuer
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