« Vous êtes précurseurs, vous ouvrez la voie » lance ce jeudi 8 décembre Allan Sichel, le président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB), à l’attention des entreprises qui ont reçu cette année, le label RSE (responsabilité sociétale des entreprises). C’est en 2021 que le CIVB a décidé de se doter de son propre référentiel "Bordeaux cultivons demain". 13 entreprises ont testé la démarche et ont été labelisées. Un an plus tard, elles sont au nombre de 56.
Laurent Rousseau, à la tête des vignobles éponyme (70 hectares à Abzac, pour 500 000 cols en AOC Bordeaux, Bordeaux Supérieur, Lalande-de-Pomerol, Lussac Saint-Emilion et Pomerol), fait partie du petit noyau des 13 entreprises pilotes qui, en 2021, ont essuyé les plâtres et ont été labelisées. « Pour moi, cet engagement dans ce label a tout son sens. Je suis président du conseil des prudhommes de Libourne depuis 10 ans. Et je sais à quel point l’humain est important. Or dans une démarche RSE, il s’agit notamment de faire du vin avec l’humain, et de respecter chacun. C’est en fait une stratégie globale d’entreprise car la RSE intègre autant les enjeux économiques, qu’environnementaux et sociaux et pose les questions de relations et conditions de travail, les questions relatives aux consommateurs, aux fournisseurs, aux salariés » explique-t-il.
Son entreprise n’est pas novice en matière de label et de certifications. Elle a déjà, à son actif, Terra Vitis, Haute Valeur Environnementale (HVE) et International Featured Standards (IFS). Il y a deux ans, elle a abandonné le Système de Management Environnemental (SME) mis en place par le CIVB, qu’elle avait adopté en 2012, jugeant aujourd’hui que la RSE prend le relais du SME.
En matière de biodiversité, Laurent Rousseau prend plaisir à rappeler que 6 km de haies ont été implantées sur la propriété. Coté management, il aime aussi redire que les 9 salariés de la propriété, bénéficient chacun, de 7 à 10 jours de formation par an, en interne. « Quand je les ai embauchés, ils étaient jeunes, sans aucun diplôme. Aujourd’hui ils ont vingt ans d’ancienneté, une vraie culture d’entreprise et un vrai savoir-faire. Ils sont toujours là » souligne-t-il.
Des chantiers sont encore à mener. Ainsi mieux sourcer certains fournisseurs. Face à un risque de pénurie du liège pour les bouchons, l’utilisation de la canne à sucre est évoquée. « Par rapport au vin, il faut valider l’aspect sécurité alimentaire. La question est posée à nos fournisseurs » indique-il. De même Laurent Rousseau souhaite mieux sourcer les fournisseurs de matériel. « Les matériels qui nous sont vendus sont ultra technologiques et très gourmands en énergie. Nous devons trouver du matériel moins complexe. Les fournisseurs doivent arrêter de faire des usines à gaz » insiste-t-il.
Face à aux difficultés économiques que traverse la filière bordelaise, ce label RSE tombe-t-il à pic ? « Totalement, répond Laurent Rousseau. C’est une chance de l’avoir dans une période si difficile. Les importateurs, les acheteurs sont très demandeurs. »


Allan Sichel ne dit pas autre chose : « Nous voulons montrer aux revendeurs, aux prescripteurs que Bordeaux, en avance sur ces sujets, met en place tout ce qu’il faut pour répondre aux attentes de demain. A l’horizon 2030, nous visons un tiers des volumes de vins de Bordeaux commercialisés sous label RSE ».
En attendant, le nom de ce label "Bordeaux cultivons demain" devrait être changé. « Ce n’est pas très vendeur » lâche Laurent Rousseau. « Il n’est pas très sexy. Nous réfléchissons à un nom plus court, plus percutant et plus international » confie le président du CIVB. Les bonnes idées sont les bienvenues.