’honneur corse est sauf : si le domaine Yves Leccia quitter l’appellation Patrimonio, ce n’est pas pour aller en Vin de France, mais pour basculer sur l’IGP Île de Beauté. Vignoble de 16 hectares en bio (actuellement en conversion à la biodynamie), la propriété comptait parmi les fondateurs de l’appellation reconnue en 1968, comme Antoine Arena et Jean-Laurent de Bernardi. Mais aujourd’hui, « on ne se retrouve plus dans l’appellation » résume Sandrine Leccia à l’occasion du salon Wine Paris & Vinexpo Paris. Évoquant une labellisation « très lourde administrativement », Sandrine Leccia regrette de « ne faire que de la paperasserie » et de ne plus pouvoir se concentrer autant que nécessaire sur la vigne et le chai. « Il y a moins de paperasse et de prélèvement en IGP » pointe-t-elle, reconnaissant que la certification bio est aussi contraignante, mais rentrant plus facilement dans les habitudes.
L’autre point ayant poussé le domaine Yves Leccia a quitté l’AOC Patrimonio est son « inertie. Rien n’avance alors qu’il faut s’adapter au changement climatique et aux changements d’habitudes des consommateurs. Le cahier des charges doit évoluer » diagnostique Sandrine Leccia. Le manque de diversité des cépages de Patrimonio fait partie de ses griefs. Se limitant au vermeninu pour les vins blancs, l’encépagement est dominé par le nielluciu en rouge (90 % a minima) et rosé (75 % au moins). Des vins monocépages pour Sandrine Leccia, qui estime que l’appellation devrait se donner plus de marges de manœuvre en adoptant plus de cépages autochtones face aux évolutions de consommation et de climatologie : « aujourd’hui les gens ne veulent plus de vins aussi durs et structurés, ils veulent des vins plus faciles à boire. Il faut rester sous 13,5°.alc : on n’y arrive pas avec du nielluciu. »


Possédant une collection ampélographique dans son vignoble, le domaine Yves Leccia va chercher de nouveaux cépages, comme le genovese en blanc, ou le ministrellu et le sciacarellu en rouge. Reprenant sa liberté, la propriété compte désormais expérimenter, mais « on ne crache pas sur l’AOP Patrimonio. Et rien n’empêche d’y revenir » conclut Sandrine Leccia.