a production de vins à bulles dans le vignoble nantais n’est pas chose nouvelle. Depuis des années, des vignerons proposent en complément de gamme des VMQ à base de chardonnay ou pinot noir ou autre, puisque dans ce secteur, ils ne peuvent bénéficier ni d’une IGP, ni d’une AOC. Le Crémant de Loire – produit chez les voisins d’Anjou-Saumur et de Touraine – ayant fermé la porte à un élargissement de son aire, la Fédération des vins de Nantes a décidé de travailler ce dossier dans une perspective de diversification de son offre. “L’objectif est de développer une bulle identitaire, avec à terme, une reconnaissance en appellation”, explique sans détours, Frédéric Macé, le directeur de l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG). Et l’identité passe par l’utilisation du cépage local associé au Muscadet, le melon de Bourgogne.
Les producteurs nantais se sont donc tournés vers les techniciens de l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV Val de Loire) pour répondre à une question fondamentale du projet : le melon de Bourgogne peut-il être vinifié en bulles et déboucher sur des vins de qualité ? Seul ou en assemblage à 80/20 en complétant par du chardonnay, de la folle blanche, (cépage dédié au Gros Plant), du colombard… ? Avec dans le cahier des charges, un autre point central : la prise de mousse doit se dérouler selon le process de la cuve close.
Sous la houlette de Frédéric Charrier, les essais ont été menés en micro-vinifications dans des contenants de 50 litres, type futs à bière. Les vins ont ensuite été filtrés en conditions isobarométriques à l’abri de l’oxygène, puis conditionnés.
La réponse à la question initiale a globalement été positive suite à des dégustations avec des professionnels de la filière nantaise. Les vins ont été globalement jugés “conformes” à leurs attentes ou “conformes sous réserve”. Il reste des ajustements techniques à réaliser sur l’acidité, la fermentation malolactique, les sucres résiduels, la quantité de gaz… En 2023, les essais passeront à une échelle supérieure en volume, avant que les vignerons puissent se lancer à leur tour. A noter que l’ingénieure en microbiologie de l’IFV Val de Loire Marie-Charlotte Colosio a également sélectionné un levain de prise de mousse spécifique pour ce vin à bulles nantais.
Restera ensuite à faire valider le produit par des tests-consommateurs. Enfin, il faudra trouver un nom de baptême à cette nouveauté. “On a le temps. D’abord, travaillons le produit”, conclut Frédéric Macé.