anifestant devant la préfecture de région ce 26 janvier à Bordeaux en milieu de journée, une centaine de vignerons ont un mot d’ordre : pouvoir vivre de leur métier, en redevenant rentable. Pour faire avancer leur cause, ils ciblent et interpellent le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, afin que des solutions soient rapidement apportées à la crise que subit le vignoble de Gironde et qu’affrontent de plus en plus bassins viticoles en France. Soit des aides aux trésoreries (report des Prêts Garantis par l’État), un soutien au marché (aide au stockage privé et distillation de crise), un redimensionnement des vignobles excédentaires le souhaitant (par de l’arrachage primé, de la reconversion et potentiellement d’autres outils).
"Allô Fesneau bobo", "Fesneau ça urge", "Fesneau ras le tonneau" prennent à partie des pancartes, alors que la viticulture bordelaise s’impatiente face au report du rendez-vous du ministre avec les représentants nationaux de la filière vin, prévu l’après-midi même et décalé au 6 février. « Vous pouvez siffler » lance au mégaphone Serge Bergeon, le secrétaire général de la Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FDSEA 33), « vous savez pourquoi il a reporté cette rencontre ? Parce qu’il n’avait rien à nous dire ! Rien à nous annoncer ! » Pointant que la filière girondine a rencontré l’été dernier Marc Fesneau pour poser le diagnostic et porter des demandes, Serge Bergeon lui reproche « le fait de ne donner aucune réponse à l’ensemble du secteur viticole, et pas que bordelais ».
Réunis autour d’un feu de fortune et d’une buvette, les participants témoignent des difficultés tombant sur le vignoble : flambée des charges sur tous les postes, ras-le-bol des communications sur le Dry January, demande atone des marchés, assurance récolte caduque du fait de la succession d’aléas climatiques et de la moyenne olympique… Sans oublier les derniers chiffres qui permettent de mesurer l’ampleur de la crise : 70 % des agriculteurs girondins ont un revenu inférieur au SMIC en 2021, la vente de vin en vrac cause une perte moyenne de 1 377 €/ha ces dernières années… Et 35 000 hectares de vignes sont en difficulté économique d’après l’étude de la Chambre d’Agriculture. « Le recensement nous a permis de démontrer ce que l’on soulève depuis longtemps : les difficultés économiques du vignoble, que l’on évoque depuis des années avec les méventes et le prix du tonneau » explique Vincent Bougès, le président des Jeunes Agricultures de Gironde. Appelant à une régulation de l’offre pour rétablir les équilibres commerciaux (par l’arrachage, voire la distillation), le vigneron médocain souligne la nécessité de restructurer la filière pour qu’elle puisse soutenir l’arrivée de nouveaux exploitants.
Tout l’enjeu pour les opérateurs bordelais est de pouvoir garder la tête haute, des jeunes aux aînés. D’autant plus que des retraités voient ont des vignes se retrouvant sans fermage, ce qui les amènerait à redevenir des exploitants et à perdre leur retraite. « On demande une dérogation pour pouvoir cumuler la retraite et faire exploiter les vignes » porte Serge Bergeon, qui donne rendez-vous au 6 février, pour les annonces du ministre : « il nous faut des annonces. Le 6 février, nous ne défilerons pas pour simplement entendre un ministre nous dire que le report du PGE ce n’est pas possible, que les aides à la distillation ça ne sera pas pour vous [comme] d’autres le demandent et que vous n’êtes pas la priorité, l’arrachage ce n’est pas possible… »
Petit aperçu des pancartes de ce 26 janvier :