n peut parler de crise de conscience : faire des écologies, agir pour l’économie ! Après la course aux certifications environnementales et à l’agroforesterie dans la filière vin ces dernières années, la tendance est résolument à l’écoconception. Partie du poids des bouteilles, elle touche désormais à tout l’emballage des vins. La volonté de verdir le packaging allant de pair avec l’objectif de réduire les coûts du conditionnement. Sont désormais de plus en plus supprimées les dorures des étiquettes, les capsules, les films plastiques des palettes… Certains développent la réutilisation des cartons, le recyclage des glassines d’étiquettes, l’utilisation de papier ensemencé pour remplacer les sacs de la vente directe, les coiffes en papier pour les champagnes, l’approvisionnement local pour tout l’emballage, la remise en question des suremballages que sont les coffrets de fin d’année…
Les idées fourmillent, et avec elles leur lot d’interrogations, notamment sur le sujet qui taraude la filière : le retour de la consigne. Si le réemploi des bouteilles de vin est vu par certains comme une lubie cyclique (qui disparaîtra dès que l’approvisionnement et les prix reviendront à la normale), d’autres croient à un outil tout sauf éphémère face aux enjeux climatiques (notamment pour améliorer l’empreinte carbone de la consommation des vins). Tout l’enjeu est d’avoir un outil efficace environnementalement (sans usine à gaz pour récolter, nettoyer et réutiliser les bouteilles) et pertinent économiquement (avec un coût cohérent et des standards de bouteilles adaptés aux usages). Évidemment la consigne ne manque pas de limites techniques et commerciales (pour l’export*, la différenciation, etc.), mais la limiter à la résurgence de pratiques passées semble trop réducteur. Le souvenir, nostalgique ou non, de la bouteille consignée au col étoilé doit s’effacer devant la possibilité de nouvelles voies de décarbonation. Encore faut-il que le réemploi fasse ses preuves à des échelles plus conséquentes. Le bon sens apparent ne suffit pas toujours pour être écolonome.
* : Ce qui n’empêche pas des projets de réemploi à l’échelle européenne…