Malviès, près de Limoux dans l’Aude, Bertrand Gourdou vient de lancer six cuvées conditionnées avec un packaging se voulant entièrement local et éco-responsable. Déjà certifiée en agriculture biologique depuis 2007, l’activité du château Guilhem est « pensée depuis plusieurs années autour de la limitation de son impact environnemental », précise le vigneron. « Nous avons souhaité pousser la démarche environnementale sur l’ensemble du processus de production, du raisin à la bouteille. C’est en ce sens que nous avons effectué ce travail sur le packaging, afin de proposer un produit le plus éco-responsable possible et en circuit court. Cela concerne 80 % des volumes que je commercialise, pour arriver à terme à la totalité », souligne Bertrand Gourdou.
Mises en bouteilles à compter de ce mois de décembre 2022, ces cuvées sont habillées d’un packaging « 100 % local, conçu avec des matériaux entièrement recyclés et recyclables, et en collaboration exclusive avec des entreprises situées dans un rayon de 100 km autour de l’exploitation », poursuit Bertrand Gourdou. Deux vins rouges, deux blancs, un rosé et un vin orange nature composent cette nouvelle tranche de la gamme du château Guilhem. « Je suis parti d’un constat : malgré les rénovations et aménagements que j’ai effectués au vignoble, en cave, dans l’accueil, je fonctionnais toujours avec le design d’étiquettes qu’avait créé mon grand-père. J’ai voulu repenser ce packaging pour y apposer ma patte, mais surtout repenser la façon de procéder à l’approvisionnement de ce packaging, de la manière la plus locale possible », reprend le vigneron. Il sollicite les entreprises avec lesquels il travaille pour l’accompagner dans sa démarche.
Alors que sa réflexion intervient au moment où les augmentations de prix des matières sèches remplissent l’actualité vigneronne, Bertrand Gourdou y trouve un renfort à sa démarche. « Cela me permet de remplacer par un habillage uniforme mes 12 habillages différents que j’utilisais jusque-là : 12 cartons, 12 étiquettes, 12 types de bouteilles… et qui me coûtaient cher en stockage. Mais cela apporte en plus la réactivité et le confort de travailler avec des entreprises voisines », défend le vigneron. Avec ces économies de stockage, le retrait des capsules des bouteilles moins lourdes et l’uniformisation de son habillage, il estime même réaliser un gain de 5 % de coût de ses matières sèches, malgré les augmentations passées en 2022, pour des vins qui seront vendus entre 12 et 19 € TTC.
Le carton employé est ainsi fabriqué « à base de papier 100 % français et recyclé, et imprimé avec des encres lavables et sans solvant chimique ». La transformation de ces cartons est opérée par une société basée à Lézignan-Corbières, « à 47 km du château Guilhem », précise le vigneron. « Le carton est pourvu d’un fond auto-fermable permettant de n’utiliser qu’une face à fermer avec un ruban adhésif en caoutchouc naturel éliminant la présence de plastique ». Les étiquettes viennent quant à elles d’un imprimeur de Castelnaudary, à 30 km du domaine, et là aussi fabriquées avec des papiers recyclés et issus de forêts éco-responsables. « Aucune dorure ou autre élément non-biodégradable ne figure sur les étiquettes qui sont apposées, avec des colles végétales biodégradables », décrit encore le vigneron de Malviès.
Les lieux de transformation des bouchons et verres sont les éléments flirtant le plus avec la limite des 100 km que le domaine s’est imposée. Bien que le liège ne puisse être sourcé de manière suffisamment proche, les bouchons sont néanmoins confectionnés à Portet-sur-Garonne (98km du domaine), « labellisés FSC1 (forest stewardship council) à partir de liège naturel récoltés dans des forêts éco-gérées ». Sans capsule sur les bouteilles, ces bouchons sont marqués du millésime sur la tranche pour être visible par transparence. Les bouteilles proviennent quant à elles de la verrerie d’Albi (groupe Verallia), là encore à la limite des 100 km. « Nous sommes passées d’anciennes bouteilles de 700 grammes à cette nouvelle mouture de 415 g, cette réduction du poids contribuant à l’amélioration du bilan carbone de leur expédition et leur fabrication », relève encore Bertrand Gourdou.
Cette réduction de poids allège de 171 kg la palette de 600 bouteilles de vin fini. Le verre recyclé, et recyclable, n’entre pas dans un format de consigne, mais l’épouse du vigneron, Anne-Sophie Gourdou, propose un système de récupération des bouteilles vides à la propriété, pour la clientèle en capacité de le faire, afin de les transformer « en verres à eau ou verres à cocktail ». Enfin, les palettes sont conditionnées avec un film biodégradable. Le vigneron n’est pas inquiet concernant l’acceptation de cette transformation par les marchés sur lesquels il opère : « je vends des vins bios, à des opérateurs attentifs à cet aspect de ma production, ils se montrent donc favorables à cette démarche qu’ils pourront relayer auprès du consommateur ».