’AOC Languedoc avait réuni une belle brochette d’orateurs ce mardi 29 novembre au Musée Fabre à Montpellier. Olivier Poussier, meilleur sommelier du monde en l'an 2000, Elyse Lambert, meilleure sommelière Canada Amériques, Nicolas Goldschmidt, directeur de la formation MSc In Wine Management de l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV) et Valentin Cotton, Influenceur (@winepoetry_ sur Instagram) et acheteur vin pour le groupe du chef Mathieu Pacaud (propriétaire de restaurants étoilés à Paris), se sont tour à tour succédé à la tribune pour livrer leurs conseils pour parler du vin. Tous ont fait un constat unanime : l’absurdité de la loi Evin. « Le vin est un produit culturel qui, en France, fait partie de votre ADN. Il n’y a aucun sens à interdire les échanges sur ce produit qui devrait faire partie du patrimoine mondial de l’humanité. Nous, au Québec, on parle beaucoup du vin, non pas pour encourager la consommation mais pour éduquer les consommateurs, les éclairer sur ce produit qui fascine », a souligné Elyse Lambert. « C’est une loi castratrice, a renchéri Valentin Cotton. Pour apprécier le vin, il faut être éduqué. Il faut pouvoir parler du vin, l’expliquer aux plus jeunes générations pour les amener à une consommation responsable ».
Pour Olivier Poussier, les tendances de consommation ont évolué ces dernières années « Tous les vignobles ont fait la même erreur, en allant vers des vins trop riches, trop boisés, trop extraits. Aujourd’hui, on revient vers des vins plus équilibrés, plus digestes et plus sapides. C’est le terroir, le savoir-faire du vigneron, l’histoire de l’appellation qu’il faut mettre en avant. La diversité variétale est un atout des vignobles européens par rapport à ceux du Nouveau-Monde. Cultiver cette diversité variétale, c’est lutter contre la stéréotypisation du goût. Le petit vigneron qui met en avant des cépages endémiques et autochtones est dans la bonne démarche pour faire parler de ses vins et sortir du lot ». Elyse Lambert partage cette opinion. « Les gens qui s’intéressent au vin veulent découvrir les cépages locaux. Le retournement médiatique sur les vins du Jura et de Savoie en est la preuve. Ces vignobles sont arrivés à faire leur trou, en mettant en avant des vins à forte identité, qui se démarquent de l’offre standardisée internationale, limitée à une dizaine de cépages ».
Basé à New York, Nicolas Goldschmidt, recommande de ne pas rater le tournant des Millennials, la génération Y, née en 80 et 90. « Ils sont désormais plus nombreux que les baby-boomers, ce sont les futurs consommateurs. Ils sont dans l’instantanéité, toujours rivés à leur téléphone et sur les réseaux sociaux. Il faut aller les chercher là où ils sont et ne pas attendre que cette génération vienne au vin toute seule. L’offre boissons est immense aux USA. Il faut séduire cette génération avec des packagings qui leur correspond, comme la canette, ludique, pratique, recyclable, ou des vins bio biodynamie, nature, qui sont une vraie tendance ». Pour Valentin Cotton, le challenge pour le vigneron c’est d’arriver à se différencier. « Il faut attiser la curiosité des internautes par différents prismes, ça peut être le terroir, l’art de vivre, la personnalité du vigneron, un savoir-faire particulier, la vie sur le domaine… Il faut immerger l’internaute dans la vie du domaine, à raison de 2 à 3 post et une story par semaine ». Enfin l’authenticité et la sincérité, restent aux yeux de tous, le meilleur moyen de parler du vin. « Vous, les vignerons, vous avez une chance énorme, vous faites un métier de passion. Parlez-en avec votre cœur, votre foi, vos tripes, vous ferez rêver bien des consommateurs », a conclu Elyse Lambert.