ui seront demain les nouveaux gourous du vin ? La réponse n’est pas aisée, comme en témoigne la conférence des Vinitiques qui s’est déroulée ce 8 novembre, à l’Institut Bernard Magrez à Bordeaux. En préambule, Magalie Dubois, enseignante-chercheuse à la Burgundy School of Business et à l’Université de Bordeaux, a fait un brin d’histoire, rappelant le tournant des années 1970, avec l’apparition du verre Inao en 1977 et des premiers guides d’achats des vins, tels le Gault et Millau en 1973. Puis l’arrivée des critiques « stars », Robert Parker en tête. Un temps aujourd’hui révolu. Place aux bloggeurs et influenceurs, une nouvelle race de critiques, pas forcément experts, mais capables de communiquer auprès d’un très grand nombre de personnes.
Une communauté en pleine construction. « Certains influenceurs vont se démarquer et se pérenniser. Mais on est dans une phase de balbutiement. Cette activité d’influenceur a besoin de devenir une profession reconnue » répète Marc Antoine Mathey. Invité des Vinitiques, le fondateur de Swirll, a présenté son agence internationale de marketing d’influence, lancée à Paris en juillet dernier, spécialisée dans la digitalisation de communication du monde du vin. Pour ce faire, il travaille avec une dizaine d’influenceurs de sept pays différents à qui il propose des rémunérations et des contrats qu’il juge « intéressants » financièrement. Reste que l’aspect financier demeure encore tabou.


Camilo Gomez, responsable digital de la maison Bernard Magrez s’est contenté d’indiquer que 15 % du budget de communication était affecté à l’utilisation des influenceurs. « On construit une relation de confiance avec ces créateurs de contenus ». Estelle Mau (C’est Madame qui Choisit le Vin) qui affiche 11 000 followers, fait partie du pool d’influenceurs qu’il sollicite régulièrement. « Quand Camilo me demande ce que je pense d’un produit, je le dis. Je suis indépendante » affirme-t-elle.
De son côté Sylvain Thibaud, co-fondateur de Winespace, a rappelé que la communauté professionnelle que sont les acheteurs, importateurs, eux aussi pouvaient être de véritables influenceurs. Et de présenter « Tastee » mis au point par l’entreprise. Ce moteur de recherche permet un archivage de commentaires de dégustation, des analyses automatisées (par vin ou groupe de vin), la recherche de spécificités gustatives, ou encore des indices de similarité. « Le concours mondial de Bruxelles, l’un des plus importants organisateurs de concours de vin à l'échelle mondiale (+15 000 échantillons/an) utilise Tastee pour analyser ses données de dégustation. Après chaque session, une synthèse complète est envoyée à chaque producteur. Elle résume les points forts, points faibles, ainsi que le profil aromatique du vin » a-t-il expliqué.
Dans l’assistance, un participant attend la définition de l’influenceur : « S’agit-il de médias, de créateurs de contenus, ou de tout un chacun donnant des avis sur des plates formes telles que Vivino » interroge Camilo Gomez. Pour savoir qui seront les gourous de demain, il faudra encore attendre.