our Marine Descombe, il n’y a pas de doute : « Il y a un avant et un après Covid », observe la gérante de Famille Descombe. À Saint-Étienne-des-Oullières (69), son entreprise produit des vins de France depuis la création de cette catégorie en 2009. Aujourd’hui, ceux-ci représentent un tiers de ses ventes. Et ils ont le vent en poupe. « Depuis la réouverture des restaurants en 2021, nos ventes de vins de France dans ce circuit ont bondi d’au moins 30 % par rapport aux années d’avant l’épidémie, témoigne la vigneronne. C’est la plus forte progression dans notre gamme. Nous avons engrangé de nouveaux clients que nous avons démarchés et du fait de notre présence sur les réseaux sociaux. »
Selon elle, après la pandémie de Covid, les restaurateurs ont voulu davantage de fantaisie et d’originalité sur leurs cartes. Elle ajoute : « Les vins nature ont fait connaître les vins de France en restauration. Ils ont eu un effet d’entraînement sur l’ensemble de ce segment, qui a su innover grâce, entre autres, à des habillages décalés. »
Famille Descombe (crédit photo DR)
Famille Descombe pousse une gamme de trois vins de France en restauration qui incarne trois grandes figures féminines : Simone (Veil), Marie (Curie) et Joséphine (Baker). Ces personnalités figurent sur les étiquettes arborant un verre de vin, avec d’autres personnages, tous dessinés dans un style rappelant celui de Sempé. Ces vins s’affichent à 15 € la bouteille en moyenne sur la carte des restaurateurs. S’y ajoutent deux autres références, un rosé intitulé Miss Gamay et un pétillant naturel qui rencontre un succès grandissant.
« Les vins de France tirent nos ventes en restauration », indique de son côté Jacques Frelin, PDG de Jacques Frelin Vignobles, à Montpellier (34), entreprise spécialisée dans les vins bio qui commercialise un peu plus de trois millions de cols par an, dont le quart en vin de France. Il y a cinq ans, il a mis au point une gamme de vins de cépages dans cette catégorie, intitulée Hérisson : huit références en rouge, blanc et rosé habillées d’un hérisson portant des lunettes de forme et de couleurs différentes. Le chardonnay est le roi des ventes.
Carole Frelin présentant la gamme La Capricieuse en blanc, L’Audacieuse en rosé et La Passionnée.(crédit photo DR)
« Cette gamme est principalement implantée dans les établissements situés dans les grandes villes : Paris, Lyon, Rennes... se félicite Jacques Frelin. Mais les perspectives sont encourageantes puisque C-10 boissons et des grossistes régionaux l’ont référencée cette année. » Autre atout de cette gamme, son prix attractif : 20 € sur la carte des vins. Devant ces bons résultats, la Maison Frelin a lancé une autre gamme l’an passé, plutôt destinée à un public féminin jeune et branché : La Capricieuse en blanc, L’Audacieuse en rosé et La Passionnée.
Quant à Boris Leclercq, propriétaire de La Grande Sieste, à Aniane (34), il vend depuis toujours ses vins de France en restauration « sans que ce soit une difficulté, commente-t-il. De plus, depuis deux à trois ans, notre portefeuille de clients s’agrandit. » Il produit 50 000 bouteilles par an sur son vignoble et 200 000 par l’achat de vendange. En 2016, il a basculé ses 12 ha en vin de France, renonçant à l’appellation Terrasses du Larzac. Le CHR absorbe les deux tiers de sa production. Star des ventes dans ce circuit : le Rosé de Rêve. Contrairement à bon nombre de vins de France qui se jouent des codes traditionnels, celui-ci revêt au contraire une étiquette sobre et élégante posée au bas de la bouteille. « Nous avons travaillé sur le marketing et la communication pour présenter de beaux habillages, souligne Boris Leclercq. À défaut de revendiquer une appellation, nous avons décidé de faire de notre domaine une marque. Et ça fonctionne plutôt bien ! »
La Maison Saget La Perrière, à Pouilly-sur-Loire (58), voit aussi la demande évoluer favorablement. Lancée en 2009, sa marque La Petite Perrière dépasse le million de cols et s’est implantée durablement en restauration avec deux cépages phares : un sauvignon et un pinot noir.
Laurent Saget (crédit photo Claire Furet-Gavallet)
Pour Laurent Saget, codirigeant de cette entreprise, « il y a une demande pour des vins marketés, à l’image des bières artisanales. » Pour y répondre, en début d’année, Saget La Perrière a lancé El Chardo et El Pinot, deux vins bio sans soufre à l’effigie de criminels sud-américains un temps recherchés par les autorités du monde entier. Attirés par l'odeur de la poudre, des restaurants branchés de la capitale ont passé commande.
L’Association nationale interprofessionnelle des vins de France (Anivin) inventorie les restaurants parisiens ayant des vins de France à leur carte afin de proposer une liste de ces lieux aux visiteurs du prochain Wine Paris, en février. « Il y a une véritable mode pour nos produits dans les restaurants-concepts courus par les jeunes, assure Valérie Pajotin, directrice de cette interprofession. Dans ces établissements, les vins de France prennent une place de plus en plus importante car ils ont une image fun et décomplexée. En tout, nous estimons que près de 70 % des restaurants de la région parisienne proposent des vins de France à leur carte. » C’est pour montrer cette diffusion très large, mais méconnue, qu’Anivin prépare son inventaire.