ernier bilan de production de vin à être émis, celui de l’Australie : il en ressort une récolte estimée à 1,73 million de tonnes de raisins, soit 2 % de moins que la moyenne décennale et 13,5 % en-dessous de la production record de 2021 (2,01 Mt). D’après le rapport de Wine Australia, la réduction équivaut à 190 millions de litres de vin de moins par rapport à 2021. « Après un millésime record en 2021, on s'attendait à une production globalement plus faible en raison d'un potentiel réduit. Cette variation naturelle a été aggravée par un certain nombre d'effets saisonniers importants, notamment les fortes précipitations généralisées au cours du printemps et de l'été dans une grande partie orientale de l'Australie et des orages de grêle importants », a déclaré Peter Bailey, responsable études de marché auprès de Wine Australia.
Plus significatives encore que les phénomènes météorologiques, la production record de 2021 conjuguée à la perte du marché chinois et aux difficultés de stockage des vins de la nouvelle récolte ont incité beaucoup de producteurs à laisser des raisins sur pied, ce qui explique la baisse des volumes cette année dans des proportions non mesurables. Ce casse-tête porte notamment sur les raisins rouges, dont la production a reculé de 17 % cette année (959 131 tonnes), contre -9 % pour les raisins blancs (775 129 tonnes). Par conséquent, la part des vins blancs a marqué des points pour passer à 45 % de la production totale (contre 43 % en 2021). « La demande se réoriente de nouveau en faveur des cépages blancs », a noté Peter Bailey. « La valeur moyenne des raisins blancs a augmenté chaque année depuis 2014 pour atteindre en 2022 son niveau le plus élevé depuis 2008 ». A contrario, la valeur moyenne des achats de raisins a globalement baissé de 10% pour passer à 630 AUD la tonne (soit environ 422 €), avec des disparités importantes entre les rouges (-15% à 474 €) et les blancs (-2% à 367 €). « Les viticulteurs ont vécu des situations différentes d'un bout à l'autre du pays, mais il ne fait aucun doute que certains d’entre eux ont connu une année très difficile, avec des conditions saisonnières et une rentabilité affectées par la réduction significative du prix des raisins rouges, conjuguée à la montée en flèche des coûts, notamment ceux du carburant, des engrais et de l'énergie », a déclaré Peter Bailey.
En cela, l’Australie ne déroge pas à la règle mondiale, touchant également la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud. Dans le premier cas, toutefois, c’est globalement le sentiment de soulagement qui règne. Pendant les vendanges, les producteurs néo-zélandais ont retenu leur souffle, craignant que des événements météorologiques et le Covid ne viennent briser leurs espoirs d’une récolte abondante, condition sine qua non pour renouer avec une économie vitivinicole florissante. « À l'approche des vendanges, les caves avaient impérieusement besoin d'une récolte plus importante, car la forte demande et les récoltes plus faibles que prévu de ces dernières années avaient entraîné une pénurie importante de vin néo-zélandais », rappelle le PDG de New Zealand Winegrowers, Philip Gregan.
« Cette pénurie a fait chuter les ventes totales de vin néo-zélandais de 14 % par rapport au pic atteint en janvier 2021, même si les caves ont soutenu les ventes en puisant dans les stocks qui sont maintenant à des niveaux très bas ». Sur le marché local, les ventes ont plongé à leur niveau le plus bas depuis 2004. La production 2022 est estimée à 532 000 tonnes, soit un bond en avant de 44 % par rapport à 2021 (370 000 tonnes). Le pinot noir (+57 %) et le sauvignon blanc (+47 %) les deux cépages phares de l’offre néo-zélandaise, ont affiché de beaux scores cette année. « Les producteurs vont pouvoir reconstituer leurs stocks et leurs ventes, tandis que les consommateurs devraient voir les linéaires des magasins réapprovisionnés. Cependant, la hausse des coûts et la perturbation de la chaîne logistique restent des préoccupations importantes pour les vignerons qui cherchent à réapprovisionner les marchés », a reconnu Philip Gregan.
Les mêmes inquiétudes se retrouvent en Afrique du Sud, où la récolte s’inscrit en recul de 5,5 % par rapport à 2021, mais reste supérieure à la moyenne quinquennale. D’après l’organisme professionnel SAWIS, 1,37 millions de tonnes de raisins ont été récoltées cette année, pour un volume de vin, jus, moûts et vins de base pour brandy estimé à 1,07 million de litres. La baisse de production cette année est à imputer aux arrachages, à la pression cryptogamique provoquée par des précipitations à l’approche et pendant les vendanges et à des cas isolés de brûlures liées à des vagues de chaleur dans certaines régions. Seules les régions du Cap Côte Sud et de Stellenbosch ont résisté à la tendance générale à la baisse de la production. « Si nous constatons toujours un intérêt soutenu pour le sauvignon blanc et le chardonnay sud-africains, les difficultés persistantes rencontrées par les exportateurs dues aux contraintes logistiques internationales constituent un léger frein, que le secteur espère atténuer en temps voulu », a précisé Siobhan Thompson, PDG de Wines of South Africa.