Particulièrement forte après le gel historique du printemps 2021, la pénurie de vins blancs anime les allées du salon Wine Paris & Vinexpo Paris. « C’est très tendu. Nous avons réduit nos ventes dès la rentrée 2021. Nous ciblons nos partenaires clés en essayant de les limiter le moins possible » témoigne Rémy Grassa, le directeur général du domaine Tariquet (1 125 hectares de vignes dans le Gers, dont 120 ha d’rmagnac). Pour préserver son positionnement de « propriétaire récoltant », la propriété familiale n’a pas acheté de raisins pour maintenir sa production : « c’est un choix contraignant » reconnaît Rémy Grassa. Représentant en temps normal 3 millions de col en IGP Côtes de Gascogne, la cuvée Classic fête ses 40 ans d’existence en mettant en place de premières allocations pour fluidifier les ventes indique Ithier Bouchard, le directeur commercial du domaine Tariquet.
Essuyant une perte globale de 45 % de ses volumes, le domaine Tariquet affiche de plus fortes pertes sur ses parcelles de chardonnay et de chenin blanc (-75 %, comme les contre-bourgeons étaient sortis), mais « nous avons été sauvés par l’ugni blanc et le gros manseng » estime Rémy Grassa, pour qui la situation est difficile, mais pas situation catastrophique grâce à un encépagement diversifié. « Avoir plusieurs cépages, c’est avoir plusieurs cordes à son arc. Ça nous a sauvé cette année. Le colombard reste modeste chez nous, qui sommes plus sur l’ugni blanc (nous ne cherchons pas de thiols) » indique le copropriétaire du domaine Tariquet.


« On ne peut pas réagir vite quand on est à la production : quand on pense sur le temps long, la meilleure arme de la nature c’est la biodiversité. C’est sûr qu’il est plus confortable de rester sur quelque chose qui marche, ça donne de l’identité, mais c’est plus risqué » ajoute Rémy Grassa. Ces nombreux cépages inattendus en Gascogne se retrouve dans les cuvées du domaine : : 70 % chenin et 30 % chardonnay pour la méthode Charmat de la cuvée Entracte, ou 66 % riesling et 34 % ugni blanc de l’étiquette L’Imprévu.
Faisant face aux défis phytosanitaires d’un climat océanique, le domaine s’intéresse également aux cépages résistants au mildiou et à l’oïdium. Des parcelles de muscaris, cabernet blanc et souvignier gris devaient produire de premiers vins en 2021, mais des dégâts de gel à 90 % n’épargnent pas cette expérimentation.