ême dans les régions où l’offre est inférieure à demande, comme en Provence, beaucoup de vignerons n’ont pas tardé à assembler et stabiliser leurs cuvées à la bentonite dans l’espoir de valoriser au mieux tous leurs volumes.
« Tout le monde a voulu faire de bonnes affaires au plus tôt. Dès la mi-novembre, les négociants n’ont presque plus eu l’occasion de déguster les vins bruts, comme ils préfèrent généralement le faire » constate Daniel Granès, de l’Institut coopératif du vin (ICV).


Le responsable scientifique voit le marché des vins de fin d’année prendre de l’ampleur. « Pendant les fêtes, en alternative au champagne, les consommateurs aiment présenter à leurs convives des vins frais et aromatiques, sans qu’ils ne soient étiquetés primeurs. La cuvée d’Uby "Collection Unique" ou le rosé "grain de glace" 2021 des Maîtres vignerons de Saint Tropez ont par exemple encore fait un carton ».
De plus en plus sollicité pour aider ses clients à vite préparer leurs vins, l’ICV sent que les vignerons ont un besoin rapide de trésorerie. « A côté des analyses classiques, nous faisons par exemple de plus en plus de prestations de filtration sur de petits volumes. Ces vins flatteurs leur permettent aussi d’écouler des vins de thermo de l’année passée ou des rosés restés au chai qui commencent à décliner » reprend Daniel Granès.
Ce dernier approuve cette stratégie, et met en garde la filière française sur le risque de perdre des marchés dans le futur si la qualité des vins ne vient pas compenser le manque de volumes.
En 2021, les pressoirs et cuves ont parfois été remplis lentement du fait de l’hétérogénéité des volumes et des maturités. « La pression microbiologique est plus forte que d’habitude, nous trouvons des bretts et des bactéries lactobacillus et pediococcus dans beaucoup de lots, et pas seulement dans les vins peu ou pas sulfités » prévient-t-il.
D’où l’intérêt de contrôler rapidement les vins. « Si les défauts aromatiques apparaissent généralement au printemps, les microorganismes s’implantent souvent dès l’hiver. Mieux vaut isoler et traiter les lots problématiques avant que les vins ne prennent de mauvais goûts, plus coûteux à éliminer ».