n apport de 20 kg/ha d’urée foliaire à la véraison est souvent proposé en solution temporaire pour corriger la teneur en azote assimilable des moûts, « mais cette solution est interdite en agriculture biologique et peu souhaitée dans un contexte de limitation des intrants » rappellent des chercheurs de l’Agroscope de Changins, en Suisse.
Selon eux, le déroulement des fermentations peut être facilité par un travail sur le rapport feuille-fruit au vignoble, plus connu pour impacter l’accumulation des sucres dans les raisins.
Sur une parcelle homogène de chasselas, ils ont fait varier la hauteur de rognage du feuillage (80, 120 ou 150 cm) et le niveau de fertilisation (avec un bloc témoin non fertilisé et un autre recevant 20 kg/ha d’urée foliaire à la véraison). L’essai a été répété pendant quatre années consécutives.
La surface foliaire exposée a varié de 1,1 m², pour 80 cm de hauteur de feuillage, à 2 m², pour 150 cm. Le rendement moyen a été constant à 1.3 kg/m2 quelle que soit la hauteur de feuillage.
« Le rapport feuille-fruit a donc varié de 0.9 m2/kg (80 cm) à 1.5 m2/kg (150 cm), avec un indice chlorophyllien, excellent indicateur de la teneur en azote du feuillage, plus faible dès la floraison dans la variante à 150 cm » décrivent-ils. Les analyses de limbes et de pétiole à la véraison ont confirmé une baisse significative de la teneur en azote dans la variante à 150 cm.
Au moment des vendanges, les moûts de la variante à 80 cm de feuillage renfermaient en moyenne 252 mg/L d’azote assimilable contre 164 mg/L pour ceux de celle à 150 cm, avec un 5g/L de sucre en moins, et davantage d’acide malique.
« L’apport d’azote foliaire a entrainé un gain moyen d’azote assimilable dans le moût à la vendange de 57 mg/L en moyenne, quelle que soit la hauteur de feuillage » précisent les chercheurs.
L’impact de la fertilisation a été faible par rapport à l’effet millésime et de la hauteur de rognage.
En conclusion, sous un climat tempéré similaire à celui du vignoble suisse, ils recommandent un rapport feuille-fruit de 1.0 à 1.2 m2/kg pour garantir à la fois la maturité du raisin, l'accumulation d’azote dans le moût et le remplissage en azote des organes de réserve.