près 10 millésimes d’observations dans le vignoble expérimental planté pour tester des cépages résistants aux maladies et adaptés au changement climatique, les équipes de Berticot ont tranché. « L’arriloba et le divico, c’est terminé ! Nous allons les surgreffer. L’arriloba est encore plus précoce que le sauvignon sans en avoir les thiols et le divico ne sera probablement jamais classé en France », regrette Laurent Leyx-Valade, responsable technique vigne. La coopérative va conserver ses 50 ares de floréal et de petit manseng sans pour autant inciter ses adhérents à en planter. « Ils donnent de bons vins mais à peine 40 hl/ha quand tout va bien. Ce n’est pas assez pour faire de l’IGP, sans parler des difficultés que nous avons à fermenter le petit manseng » explique Laurent Leyx-Valade.
Berticot a plutôt décidé de parier sur le souvignier gris en blanc, « résistant au mildiou et à l’oïdium, plus productif que le floréal, et aussi intéressant organoleptiquement », l’arinarnoa, le marselan, et le vidoc en rouge, tous autorisés dans l’IGP Atlantique, sur laquelle la première marque de vin du Sud-Ouest mise avec succès depuis 2011. Depuis 3 ans, la cave a mis en place un système de primes pour encourager ses viticulteurs à les essayer. « Jusqu’à 3000€ par hectare en fonction du cépage arraché », précise Perrine Laffitte, directrice de la coopérative. Ce programme a déjà permis la plantation de 7,05 hectares de souvignier gris, 5,17 ha d’arinarnoa, 8, 71 ha de marselan, et 7,53 ha de vidoc.
Forte de cette première expérience, la coopérative vient d’inaugurer à Landerrouat un second vignoble expérimental de 4 hectares visant à étudier le comportement des variétés résistantes sauvignon rytos et du merlot khorus de la pépinière VCR, et à tester l’adaptation du rolle, du viognier, du caladoc, et du prunelard à son terroir sur différents porte-greffes.
Au-delà de la diversification, Berticot encourage également le maintien et le développement de son encépagement blanc, « atteignant déjà plus de 40% contre 17% à Bordeaux », compare Perrine Laffitte, en finançant les plantations de sauvignon blanc, sauvignon gris, chardonnay, chenin... En attendant l’équilibre rouge/blanc, la coopérative vinifie de plus en plus de merlot en rosés, bulles, blancs de noirs, vin désalcoolisés… « Sur notre toute petite récolte 2024, moins de 30% des parcelles ont servi au rouge traditionnel. Cette année, nous visons maximum 45% », indique la directrice.
Ces stratégies payent. Malgré la succession de petites récoltes impactées depuis 2021 par le gel, la sécheresse, le mildiou, la grêle, et l’arrachage de quelques 300 hectares sur 3000, la première marque de vin du Sud-Ouest a encore progressé en grande distribution l’année dernière en écoulant 5,5 millions de cols. Avec une moyenne de 45 hl/ha sur les deux dernières années et des stocks au plus bas, la situation de Berticot est tendue mais financièrement saine. La coopérative espère être épargnée par les aléas climatiques cette année et accueillir de nouveaux adhérents pour continuer sur sa bonne lancée.