C'est du foutage de gueule pur et simple » s’emporte Didier Cousiney, le porte-parole du collectif Viti 33, dans un communiqué réagissant aux récents propos de l’acheteur vin des enseignes Aldi : « un produit à 1,99 €, un bordeaux ou un côtes-du-rhône, pour moi c’est encore rémunérateur, on respecte le viticulteur ». Alors que les prix de vente à moins de 3 € ont mobilisé les manifestations vigneronnes l’hiver 2024, cette annonce ne passe pas pour l’association de vignerons bordelais. « Trop c’est trop » s’agace Didier Cousiney, qui invite les représentants de la grande distribution à « passer une année entière dans les vignes, à supporter les aléas climatiques, les normes, les charges, les dettes, la solitude, l'épuisement... Et ensuite qu'ils osent encore nous dire en face que 2 € suffisent. » Se remémorant s’être « mobilisé pour provoquer une rencontre inédite entre les différents maillons de la filière viticole : grandes enseignes, négociants, dirigeants professionnels » en avril puis en décembre 2024. « L'espoir, peut-être naïf, était de sortir d'un engrenage destructeur en trouvant un marqueur de prix juste, éthique, permettant à chacun de vivre de son travail. Mais que reste-t-il aujourd'hui de cette tentative. Rien, ou presque » rapporte amèrement Didier Cousiney.
L’impatience monte alors que la révision de la loi Egalim traîne pour intégrer les coûts de production dans les contrats de l’amont (malgré une promesse de vote pour cet été), que la création d’Organisation de Producteurs (OP) n’avance pas (suscitant les débats), qu’il faut encore mettre en œuvre les prix d’orientation pour les vins bio et HVE (article 210 bis de la Politique Agricole Commune) ou la recommandation de prix pour les vins AOP et IGP (article 172 ter de la PAC). « Dans le même temps, certains négociants, sans aucun scrupule, réduisent ou annulent des contrats d'achats par simple déclaration verbale, sans la moindre considération pour les femmes et les hommes qui travaillent la vigne » alerte Didier Cousiney, pour qui « c'est inacceptable. Où est passé la parole donnée ? Où est passée la responsabilité ? Où est l'éthique professionnelle ? Et il ne se trouve personne ni ici, ou au sommet de l'état d'avoir les couilles pour dénoncer cette injustice flagrante, ce système a bout de souffle. »


Et le maire du Pian-sur-Garonne l’assure : « nous, nous ne nous tairons pas. Nous sommes des viticulteurs, des paysans, pas des variables d'ajustement. Et si les décideurs n'ont pas les tripes de dire la vérité, nous le hurlerons à leur place » car il estime qu’« à ce rythme-là, il n'y aura bientôt plus rien à vendre, plus personne pour produire, plus aucune dignité dans le vin. Nous exigeons des réponses, des engagements fermes, des actes concrets. Plus de promesses creuses, plus de paroles lisses. Nous n'avons plus rien a perdre, parce que nous avons déjà tout perdu. »