Et ça continue, encore et encore,
C'est que le début, d'accord, d'accord" chante Francis Cabrel.
Comme un air de vieille rengaine, voici le retour officiel des demandes d’arrachage primé et de distillation face aux difficultés pesant sur toujours plus d’opérateurs dans le vignoble français. Évoqué dans le Midi et ailleurs, le besoin de régulation du potentiel de production et de réduction des stocks invendus est ouvertement porté à Bordeaux, où pèse l’amer constat que les précédentes campagnes n’ont pas porté leurs fruits et qu’il n’y a pas d’autres solutions que de remettre en branle les pelles et les chaudières.
Comme un air de journée sans fin… ou plutôt sans vin : car c’est bien un phénomène de déconsommation accéléré et multifactoriel sur lequel se fracasse le vignoble. Où l’impression de chute en roue libre tourne au refrain moteur. Mais l’urgence se fait sentir : il n’y a pas le temps de niaiser en bluettes, les tensions de trésoreries imposent de pousser directement la chanson de gestes. Si des actions sont attendues rapidement, notamment pour concrétiser réglementairement le retour européen de l’arrachage et de la distillation (via le paquet vin attendu pour la fin d’année), mais aussi les doter de financements adéquats (la Commission européenne ne prévoyant pas de financements autre que via les fonds nationaux). Pour se doter d’une boîte à outils fonctionnelle et opérationnelle, il va falloir que la filière soit entendue par les ministres et parlementaires qui pourraient se lasser de la complainte des crises frappant la viticulture depuis des années.
"On n'oublie rien de rien
On n'oublie rien du tout
On n'oublie rien de rien
On s'habitue c'est tout" fredonne Jacques Brel.
Et pourtant, la filière vin a besoin de soutien pour qu’un plan d’action soit rapidement mis en place avec des remèdes de court terme et une stratégie de moyen terme alors que les procédures judiciaires tombent de plus en plus (sauvegardes, redressements et liquidations). Si les volumes excédentaires, dans les vignobles et les chais, nécessitent une nouvelle forme de plan social, il est primordial pour tous les opérateurs de la filière de s’appuyer sur un tunnel de prix construisant de la valeur et ne la détruisant plus. Il est temps de fixer un cap stratégique, nationalement et localement, pour avancer, ou non, sur la révision de la loi Egalim intégrant les coûts de production dans les contrats avec l’amont (un temps promis pour l’été), la création d’Organisations de Producteurs (OP) pour structurer l’offre de vin en vrac (ce qui suscite les débats), les prix d’orientation pour les vins bio et HVE de l’article 210 ou la recommandation de prix pour les vins AOP et IGP de l’article 172 ter… Mieux vaut ne plus tarder, plus la résolution de la crise tirera en langueur et plus sa résolution tirera en longueur.
"Dis ! Au moins le sais-tu ?
Que tout le temps qui passe
Ne se rattrape guère...
Que tout le temps perdu
Ne se rattrape plus !" entonne Barbara.