lors que les discussions diplomatiques à haut niveau entre Pékin et Paris sur la levée des droits douaniers visant en Chine les eaux-de-vie de France patinent dangereusement avant la date fatidique du 5 juillet (la fin de l’enquête antidumping chinoise lancée en janvier 2024), il pourrait enfin y avoir un déblocage après un an et demi de tensions frappant les cognacs et armagnacs (avec le cautionnement des droits de douane de 38 % depuis mi-octobre et la fermeture depuis la fin de l’année de l’accès au duty-free coûtant 50 millions €/mois pour Cognac). Sur la chaîne d’État CCTV, il est rapporté ce samedi 7 juin les propos d’un « porte-parole du ministère chinois du Commerce » (MOFCOM) qui annoncent que « les entreprises et associations françaises concernées ont soumis des propositions d'engagements de prix minimums à la partie chinoise et sont parvenues à un accord avec les autorités chinoises chargées de l'enquête sur les conditions essentielles de ces engagements de prix ».
Opportunément évoqués par la Chine*, ces prémices d’accord préliminaire font écho aux négociations entre Pékin et Bruxelles sur des prix minimums pour les voitures électriques chinoises importées en Europe : soit le conflit commercial ayant conduit à l’enquête antidumping sur les eaux-de-vie de vins européens, en mesure de rétorsion aux positions françaises sur les automobiles chinoises. Concernant les brandies, « la Chine est en train d'examiner le texte complet des engagements de prix et, s'ils passent ce processus d'examen, l'annonce de la décision finale devrait être publiée avant le 5 juillet, selon le ministère » rapporte CCTV, ajoutant que « la Chine a pleinement démontré sa sincérité dans la résolution de ses différends commerciaux avec l'Union Européenne par le dialogue et la consultation ».


Si toute avancée est bonne à prendre pour la filière des vins et spiritueux, rien n’est encore joué. « Des échanges ont eu lieu sur le sujet de l'enquête antidumping ciblant le Cognac et l'Armagnac et nous espérons que des annonces positives seront faites rapidement » réagit très diplomatiquement et prudemment le Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC). « Il y a effectivement des choses qui se concrétisent et le MOFCOM joue l’arme de la communication médias active » réagit un connaisseur gascon du sujet, pointant qu’il faut être prudent tant que les négociations n’ont pas abouti. « Les discussions sont encore en cours et rien n'est arrêté à ce jour » confirme une source charentaise, indiquant que « nous pensions être prêts d'un accord il y a 10 ou 15 jours et finalement cela ne s'est pas fait. Nous espérons un dénouement prochain » poursuit-elle, prévenant que même en cas d’accord sur les prix minimums, « ce ne serait pas le bout du tunnel » car il faudrait ensuite obtenir la levée des taxes et le retour dans le réseau du duty free.
Mobilisant les espoirs des opérateurs charentais et gascons, cette sortie de crise diplomatique mobilise également l’ensemble du vignoble, craignant que la déstabilisation des exportations de Cognac ne conduise des flots de vins blancs à distiller sur le marché des vins tranquilles et accentue une crise viticole déjà forte. Sachant que les menaces de taxes américaines sont loin d’être levées…
* : En écho aux échanges tenus ce 3 juin à Paris entre le ministre chinois du Commerce, Wang Wentao, et le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic. Ce dernier annonçant travailler au succès d’un sommet entre la Chine et l’Europe en juillet prochain.