e 19 mars, l’US Wine Trade Alliance a « fortement recommandé à toutes les entreprises américaines de cesser toute expédition de vins, spiritueux et bières en provenance de l’Union européenne ». L’Alliance estime que « le risque actuel de l’imposition de droits de douane est trop élevé » pour poursuivre les importations, et qu’il est « tout à fait possible que les Etats-Unis instaurent des mesures de rétorsion le 2 avril », soit au lendemain de l’entrée en vigueur de droits de douane à hauteur de 50 % sur le bourbon américain, « en ayant recours à une section de loi commerciale encore jamais utilisée ». Le président américain Donald Trump ayant annoncé ce jeudi 13 mars, jusqu'ici sans plus de précision, imposer à 200 % les vins et spiritueux français/européens si les mesures de rétorsion européennes n'étaient pas retirées dans le cadre du conflit sur l'acier et l'aluminium.
L’US Wine Trade Alliance affirme être à pied d’œuvre pour tenter de faire exempter toute marchandise déjà expédiée d’éventuels droits de douane, « mais la réalité, c’est qu’il n’y a aucune garantie qu’il puisse y avoir une dérogation pour les produits en cours de transport au moment où les droits de douane seraient mis en œuvre ». Précisant ne pas « prendre cette recommandation à la légère », l’Alliance note que si « aucun avis en la matière n’a été publié à date dans le registre fédéral » à l’heure actuelle « il y a un risque que les marchandises puissent être soumises à des droits de douane si elles arrivent sur le territoire des Etats-Unis après le début du mois d’avril ». De quoi bloquer par précaution le marché américain, alors que les commandes sont déjà gelées par crainte d'avoir des palettes de vin invendables à cause d'un triplement de leur prix dès le dédouanement. Si certains estiment que cette annonce de 200 % des droits de douanes tient du bluff, d'autres craignent que cela soit possible (en citant l'exemple des mesures chinoises ciblant les vins australiens). Effrayant les vignerons et négociants de vins, qui seraient de fait sortis du premier marché mondial de consommation de vin, ces menaces américaines pèsent fortement sur la filière de Cognac qui est déjà soumise à rude épreuve en Chine. Tous les représentants de la filière vin demandent désormais des actions fortes du gouvernement et de la Commission européenne pour négocier une rapide sortie de crise.


« L’annonce par Donald Trump d’une taxe de 200 % sur les vins, champagnes et spiritueux accentue une instabilité déjà préoccupante. Après les taxes américaines de 25 % entre 2019 et 2021, la filière, qui a toujours cherché à rester en dehors des conflits commerciaux, se retrouve une fois de plus en première ligne » rappelle dans une question au gouvernement ce 19 mars le sénateur Daniel Laurent (Charente-Maritime, les Républicains). Le président du groupe Vigne et Vin du Sénat pointant que « cette menace est une réponse aux intentions de la Commission européenne de taxer les bourbons en représailles aux droits de douane sur l’acier et l’aluminium. Il n’y a qu’une seule solution impérative : Bruxelles doit les retirer de la liste. »
« Sur la question des droits de douane, la position française est claire : une hausse des tarifs ne bénéficierait à personne. Il est essentiel d’éviter une surenchère protectionniste qui pénaliserait à la fois les producteurs et les consommateurs » lui répond Laurent Saint-Martin, ministre délégué au Commerce extérieur, indiquant qu’« à l’échelle européenne, la réponse doit être coordonnée et stratégique. La France travaille en lien direct avec la Commission européenne afin d’élaborer, d’ici fin avril, la meilleure riposte possible face aux mesures envisagées. »
Sollicité par Vitisphere, Olof Gill, porte-parole de la Commission européenne pour le commerce, indique que « l'Union Européenne prendra toutes les mesures nécessaires pour protéger et soutenir nos secteurs économiques qui sont négativement ou injustement impactés par les droits de douane américains actuels ou futurs. Nous disposons d'outils pour remédier aux effets préjudiciables des perturbations du marché sur les producteurs de l'Union Européenne. La Commission se tiendra toujours fermement aux côtés des producteurs et de l'industrie de l'Union Européenne, d'un commerce ouvert et équitable et de conditions de concurrence équitables à l'échelle mondiale. »